Remplaçant face au Paris SG, Aiyegun Tosin (25 ans) a vécu la défaite 1-4 du FC Lorient du banc de touche ce mercredi soir au Moustoir sous nos yeux. A la lutte pour se maintenir en Ligue 1 française, les Merlus, 17e et relégable comptent sur le retour l’attaquant international béninois dans un sprint final crucial pour les quatre dernières rencontres du championnat. Au lendemain de ce match en retard de la 29e journée, le joueur passé par Ventspils (Lettonie), Zurich (Suisse) et qui a rejoint la France cet été avec un compteur garni de 72 buts, 29 passes décisives en 211 matches dans sa carrière pro nous a accordé un échange exclusif. A la sortie de séance matinale du jour dans le hall du centre d’entraînement de son club, il s’est confié sur va vie en Bretagne, son exercice à titre personnel, les Guépards et son passage à Zurich. Entretien.
Quand on passe tout le match sur le banc face au Paris SG et que son équipe perd on se sent comment ?
Honnêtement , ça fait mal mais je reste très positif. On sait que le PSG c’est une grande équipe, ils sont en demi-finale de la Ligue des Champions, ça aurait été bien de jouer contre eux mais malheureusement mais je n’ai pas joué. On a encore des matches décisifs à venir. Le plus important c’est l’équipe parce que nous sommes en bas de tableau et il faut qu’on se maintienne.
Il vous reste quatre matches à jouer pour sauver votre place en Ligue 1 cette saison, contre Toulouse, Lens, Marseille et Clermont de belles affiches ?
Ce sont des gros matches et il faut y croire. On travaille dur pour cela. On sait que cela ne sera pas facile
Vous revenez une troisième fois de blessure à la cuisse, pourquoi vous souffrez autant physiquement cette saison pourtant vous sortez d’une saison de bonne facture à titre personnel de Zurich?
Je ne dirai pas que c’est dû à l’adaptation. C’est d’ailleurs la première fois que cela m’arrive dans ma carrière. Ce n’est pas vraiment facile pour un joueur quand tu es habitué à jouer tous les matches et qu’après tu commences à te blesser. J’avoue que mentalement cela m’a un peu touché. Mais je reste fort et je fais tout pour revenir à mon meilleur niveau comme c’est le cas actuellement. Je me sens très bien.
Alors la vie à Lorient, il fait beau en Bretagne aujourd’hui avec du soleil…
Sinon il pleut beaucoup (rires). Je suis content d’être là. C’est une « petite » ville facile à vivre. Ma routine c’est m’entraîner et me reposer chez moi.
A quoi ressemble justement cette routine?
Je pars à l’entraînement généralement les matins, après je suis à la maison. Je me repose beaucoup et je fais aussi pas mal de récupération. Je passe du temps avec ma famille. Je suis souvent avec Innocent Bonke (ndlr : milieu nigérian et coéquipier en club) on débriefe nos matches et on rigole.
Tosin en compagnie de Bonké ce jeudi matin à l’entraînement.
« Participer à la phase de groupe de la Ligue Europa, jouer contre les grands clubs comme Arsenal, le PSV Eindhoven, cela fait plaisir. C’est des choses que je n’avais jamais imaginé. »
2 buts en 16 matches dont 8 titularisations, comment appréciez-vous le niveau de la Ligue 1 sur cette première saison…
La Ligue 1 est dur. C’est assez physique, ça demande beaucoup d’efforts plus qu’on ne le croit. Quand tu juges de l’extérieur tu penses que c’est facile quand tu es sur le terrain c’est autre chose. Mais je n’étais pas surpris, je m’y attendais. On parle d’un championnat cité parmi les cinq meilleurs du monde. J’ai beaucoup travaillé pour cela et je continue pour faire plus.
Revenons sur votre passage à Zurich, en trois saisons et demie vous avez planté 35 buts, 9 passes décisives en 105 matches, un titre de champion de Suisse en 2022, la phase de groupe de la Ligue Europa, vous avez tout vécu la-bas?
Je vais d’abord remercier Dieu parce que je viens de loin dans mon parcours. C’est un honneur pour moi d’avoir connu ce niveau. Participer à la phase de groupe de la Ligue Europa, jouer contre les grands clubs comme Arsenal, le PSV Eindhoven, connaître les grosses ambiances dans des stades incroyables cela fait plaisir. C’est des choses que je n’avais jamais imaginé. Donc je continue de faire mon travail.
Apparement , malgré vos 23 apparitions, 4 buts et 6 passes décisives sur l’échiquier continental la coupe d’Europe vous manque…
Un peu? Beaucoup (rires). J’espère la retrouver bientôt.
Comment avez-vous vécu votre premier titre majeur en étant champion avec Zurich en 2022 ?
C’était waouh ! C’était juste magnifique. J’avais gagné la coupe de Lettonie en 2018 avec Ventspils mais ce n’est pas la même sensation. A Zurich avec les supporters, toute la ville était avec nous franchement c’était magnifique. J’en ai encore des frissons.
« On sait que les supporters n’étaient pas contents comme on a manqué la dernière qualification pour la Can. Qu’ils continuent de nous donner de la force et qu’on leur fera plaisir. »
Parlons de la sélection béninoise, porter aujourd’hui ce maillot…
(il coupe) me rend fier, c’est le rêve pour nous, jeunes, de jouer pour l’équipe nationale. Quand, je voyais Stéphane Sèssegnon et autres, j’avais envie de faire comme eux. Maintenant que j’ai la chance c’est à moi de me donner à fond.
Vous étiez malheureusement absent en septembre 2023 contre le Mozambique lors de cette dernière journée décisive face à Maputo?
Pour dire vrai? J’avais très mal. Je voulais qu’on se qualifie pour cette Can, j’y croyais. Je faisais confiance à mes partenaires malheureusement, on n’est pas passé. C’est le foot. Les échéances à venir nous allons tout faire pour nous qualifier.
Justement en juin prochain, il y aura les deux matches à venir en qualifications du Mondial contre le Nigéria et le Rwanda et les qualifications de la Can 2025 qui débutent en septembre aussi, des vrais défis à relever?
Cela ne sera pas facile parce que pour le Mondial, nous sommes en bas de de tableau avec un point. Il faut y croire pour remonter la pente.
Vous êtes parfois utilisé dans un couloir ou en pointe en club comme en sélection, vous avez une préférence?
Honnêtement, je suis un joueur polyvalent sur la ligne offensive. Après c’est le coach qui décide de là où il veut me faire jouer. Je suis prêt à jouer partout, en pointe ou sur le côté, même gardien de but (rires)
Vous êtes un attaquant, dites-nous quelques buts qui ont marqué de votre carrière jusqu’ici…
Je dirai mon premier but en pro avec Ventspils en 2017. Il est important parce que j’avais beaucoup de pression parce que je venais d’Afrique et il faisait froid. Ce but m’a relâché et m’a donné beaucoup de confiance pour la suite de ma saison et même de ma carrière. Il y a aussi mon premier but en sélection nationale. Au bout de 20 minutes lors de mon premier match contre le Libéria en mars 2022. Une frappe du gauche dans la surface. Je remercie Steve Mounié pour la passe décisive. C’est des moments qui restent dans la tête à vie. J’étais déjà heureux de jouer la sélection et marquer dès le premier match, c’était parfait. Et aussi à Zurich, j’ai mis un doublé contre Grasshoppers dans le derby de la ville. On partage le même stade donc le match était difficile, nous étions menés 1-0 à la pause. En seconde période je mets un doublé et on gagne le match 2-1. C’était indescriptible pour les supporters, c’était immense.
On termine cet entretien par un message pour vos fans du Bénin ?
Je dirai à mon beau pays le Bénin de toujours nous soutenir. Aux supporters, on sait qu’ils n’étaient pas contents comme on a manqué la dernière qualification pour la Can. Qu’ils continuent de nous donner de la force et qu’on leur fera plaisir.
Entretien réalisé par Géraud Viwami à Lorient (France)
Making – Off
Durée: 27 minutes
Lieu : Centre d’entraînement du FC Lorient
Disponibilité : 9/10
Ambiance : 9/10
Boissons : Aucune
Swagg : T-shirt blanc, pantalon noir, basket blanche.
Bijoux : Perles à la main gauche, montre à la droite.
Autres personnes présentes : Boniface Bonke, Nathaniel Adjei