A 39 balais, il a disputé le dernier quart d’heure samedi dernier à Maputo sans réussir à renverser le match pour le Bénin. Stéphane Sessègnon, international depuis 2004, le mythique numéro 17 des Guépards détenteur de tous les records a sans doute signé sa dernière apparition avec le maillot jaune face au Mozambique sous le signe d’un dernier rêve brisé.
Alors qu’on espérait secrètement que sa rentrée changerait la donne pour le Bénin qui tenait encore le 2-2 , dans ce dernier match des qualifications contre le Mozambique, lorsqu’il a foulé la pelouse à Maputo samedi dernier, Sèssegnon n’a pas pesé plus que ça dans le dernier quart d’heure. Le capitaine a récupéré son brassard porté à l’entame du match par Steve Mounié mais sans plus. La Can Côte d’ivoire 2024 qui était un ultime objectif de briller sur une terre où il a connu ses premières gloires de footballeur n’est plus d’actualité. Une fin presqu’amère pour le joueur qui se rapproche de la quarantaine. Actuellement à la recherche d’un club après une saison à Malte au Sirens Fc, cet ultime rêve était l’une des motivations pour lesquelles l’ancien parisien était encore actif s’est effondré.
D’Ecureuil à Guépard, légende pour toujours
Arrivé en sélection sur la pointe des pieds en juin 2004 avec un baptême de feu contre le Cameroun à Yaoundé (défaite 1-2). Lancé dans le grand bain par le technicien ghanéen Cecil Jones Attuquayefio. Rigobert Song se souvient encore des coups de reins de ce gamin de 20 ans qui était déjà promis à un bel avenir. Il arbore un numéro 17 qu’il ne lâche plus et qui deviendra son chiffre fétiche en sélection nationale rarement arboré même en son absence. Il a rapidement pris du poids et porté l’équipe béninoise avec une régularité sans faille sur une décennie. Jean-Marc Nobilo fait de lui le nouveau capitaine des Ecureuils à l’époque en septembre 2010. Puis, avec talent et aura il fait tomber les records en étant de tous les combats. Joueur béninois le plus capé avec 90 apparitions et pas que. 24 buts au compteur, le milieu offensif est le meilleur buteur de l’histoire de la sélection béninoise. En comptant aussi 9 passes décisives, il n’est qu’à deux unités du record détenu par le chirurgical, Mouri Ogoubiyi. Sèssegnon c’est aussi des matches références ou actions d’éclat on retiendra pêle-mêle : Son passement de jambe qui a fait chuter Song Cotonou en 2004, son doublé pour sauver l’honneur contre la Côte d’ivoire à Cotonou en juin 2010 dans un match où le Bénin avait pris l’eau (6-2), sa percée et la passe décisive pour Sessi d’Almeida contre l’Algérie en 2018. Pour ne citer que ça.
Trois Can et un record d’apparitions
L’Afrique doit aussi du respect au natif d’Allahé qui a connu trois coupes d’Afrique. Au Ghana en 2008 sa première, Angola en 2010 puis la dernière en Egypte 2019 où le Bénin avait terminé quart de finaliste. Meilleure performance de l’histoire du pays de Behanzin. Avec 9 apparitions au total et une passe décisive en phase finale, il est l’international béninois le plus capé à la Can. Un autre record à mettre à son actif. Si la fin s’est dessinée en pointillés avec deux années au chômage, un premier retour au sein du groupe comme accompagnateur en mars 2022 puis revenu comme joker sur la fin, sa carrière internationale est immense. Le renouvellement annoncé par le sélectionneur Gernot Rohr combiné au contexte actuel laisse croire qu’on a sans doute vu le numéro 17 dans le dos de Sèssegnon pour la dernière fois, samedi dernier à Maputo.
Stop ou encore ?
Rohr a annoncé que Sèssegnon était en passe de rejoindre un club local en début de semaine avec pour motivation de rester actif afin d’être sélectionnable. Mais, les plans doivent bien changer dans la tête de « Diego Pourri » à l’heure actuelle où il va tutoyer les 40 piges en juin prochain. Le moment de réflexion sur la fin est sans doute arrivé. C’est peut-être aussi la fin d’une carrière de haute facture à saluer. Du maillot Rouge et Blanc des Requins de l’Atlantique dans le championnat béninois aux pelouses françaises, anglaises et turques. Il a connu une ascension fulgurante qui mérite un immense respect. Passé par Créteil en Ligue 2 pour son premier contrat pro à l’été 2004, puis Le Mans en Ligue 1 avant d’être transféré au PSG pour 8 millions d’euros. Record à l’époque, il demeure le troisième joueur béninois le plus cher de l’histoire où il a remporté une coupe de France en 2010. Nommé aux trophées UNFP de la saison 2009, il était au sommet de son art sous les couleurs parisiennes. Il s’est aussi fait un nom à Sunderland puis West Brom dans le championnat anglais. Le haut niveau il l’a connu avant les dernières piges à Genclerbirligi (Turquie) un retour à Montpellier (France) et Sirens Fc (Malte). En témoigne ces chiffres, 578 matches 66 buts et 68 passes décisives en professionnel. Stop ou encore ? Il restera une légende du football béninois si ce n’est le meilleur joueur de l’histoire du pays.
Géraud Viwami