Les Ecureuils seront en lice pour les qualifications de la Coupe du monde Qatar 2022 avec des matches face au Madagascar à l’extérieur et la RD Congo à domicile dans un mois, en septembre. Après le cuisant échec des éliminatoires de la Can Cameroun 2022, le Bénin doit logiquement partir sur un nouveau cycle avec des choix forts. Mais comment?
Responsabiliser de «nouveaux cadres »
Tout n’est pas à jeter mais il y a des manques à combler au sein de l’effectif des Ecureuils. L’équipe a besoin de nouveaux leaders pour assurer une transition saine. Stéphane Sèssegnon (37 ans), promu capitaine depuis 2010, sans club est absent depuis plus d’un an dans le groupe. C’est la plus longue période d’absence pour l’ancien parisien depuis le début de sa carrière international en 2004. Le leadership au sein du groupe ne se limite pas qu’à lui. Khaled Adénon (36 ans), Fabien Farnolle (36 ans) et Mickael Poté (36 ans) font également partir du quatuor des vétérans. Si les deux premiers sont sans actuellement sans club, le dernier continue d’officier à Bandirmaspor. Tous potentiellement titulaires quand ils sont en pleine forme chez les Ecureuils, il serait temps de préparer une vraie relève puisqu’ils sont vers la fin. Sinon ces derniers arriveraient par exemple aux prochaines séances majeures en se rapprochant de la quarantaine. La compétitivité demeure tout de même le premier critère de sélection sans compter l’âge.
Le besoin de transition implique aussi la prise de responsabilité de certains joueurs réguliers dans le groupe depuis plusieurs années et qui ont vu leur statut évoluer en club comme en équipe nationale. On pense à Saturnin Allagbé, Cédric Hountondji et Steve Mounié par exemple.
Considérer (réellement) le football local
En mars 2021, Michel Dussuyer avait jugé le championnat local faible pour espérer voir des joueurs y évoluant postuler dignement pour une place dans son effectif. Si son analyse à créer débat, le sélectionneur avait bien assumé mais il n’a pas hésité à convoquer trois locaux lors du stage suivant en juin. Djalilou Ouorou, le joueur des Dragons, avait même été aligné comme titulaire face à la Zambie au poste d’arrière gauche. Une belle revanche pour le championnat local plutôt régulier depuis maintenant trois saisons. Le staff technique doit pouvoir dénicher des joueurs susceptibles d’apprendre et intégrer progressivement l’effectif des A en tenant compte des exigences du niveau international. Prendre des locaux méritants où quand le besoin se fait sentir à certains postes comme c’était le cas dans le couloir gauche en juin dernier, rehausse fortement l’image de la ligue nationale. Cette confiance est aussi une source de motivation pour les joueurs et les clubs qui auront désormais conscience qu’ils ont une vraie carte à jouer sur l’échiquier international. Ceci faciliterait également la montée en flèche de la côte du footballeur béninois local. C’est une bonne alternative quand on sait que le Bénin n’a pas une pléthore de joueurs professionnels à l’étranger. On ne peut pas se permettre de ne pas considérer le football local. Esae a réussi se hisser en groupe de la Coupe de la Caf en 2020 avec un effectif composé majoritairement de joueurs béninois, la qualité n’est pas inexistante non plus.
Depuis 2018, Dussuyer a sélectionné officiellement sept joueurs locaux dont trois gardiens. Seuls deux ont été alignés dont un seul titulaire en trois années de service. Ces chiffres expliquent aussi la place donnée aux produits autochtones. Un petit camouflet quand même.
La question du casting, du suivi peut se poser puisqu’il y a pas de direction technique opérationnel pour coordonner ce travail interne mais le technicien français et son adjoint, Moussa Latoundji sont réguliers dans les travées de nos stades pour ce but. Ce dernier, a d’ailleurs dirigé le mois dernier un stage pour les locaux et selon nos sources un autre stage est encore programmé pour ce mois d’août.
Limiter les « amateurs européens »
Considérer le football local implique des choix forts comme ne plus prioriser des joueurs évoluant dans des championnats amateurs en Europe par exemple. Cela peut paraître dur mais il faudra l’assumer parce que cela envoie un mauvais signal aux ligues locales, clairement. Tout en respectant, toujours le critère ce compétitivité. Ce qui n’a pas été le cas précédemment. Nous ne sommes plus au milieu des années 2000 où l’on pouvait se permettre de ramener des joueurs évoluant dans de basses divisions en Europe. Dussuyer a récemment sélectionné Emmanuel Imorou alors qu’il évoluait en Régional 1 (6e division française), sans compétition, et qui préparait déjà sa retraite. Puis, quand ce dernier n’était plus opérationnel et que David Kiki était suspendu en juin dernier, sans solution, ce sont les jeunes qui ont fait le boulot. Djalilou Ouorou et Abdou-Samadou Bourou de l’Asko Kara (Togo), ont bien prouvé qu’on pouvait compter sur eux. Des choix de ce type devraient se répéter sans forcément attendre des cas d’urgence. Prendre le risque de faire confiance aux prometteurs. Lancer des jeunes nationaux compétents serait plus judicieux. Aussi, Piocher dans les championnats africains de qualité est une solution crédible. Samadou vient de terminer champion chez le voisin togolais par exemple. Certains joueurs performants dans les championnats africains et coupes africaines sont snobés au nom du mythe « européen » par le staff. Comme quand le sélectionneur a longtemps ignoré le gardien Harrison Hessou en Ethiopie mais s’est subitement intéressé à ce championnat quand Farnolle y a débarqué en mars dernier. Bizarre. Sans remettre en cause la nature de ces championnats « amateurs européens » ni des joueurs qui y évoluent. Etre expatrié en Europe et prendre porter les couleurs nationales devrait impliquer un statut professionnel pour plus de crédibilité. Ceci devrait être aussi un challenger dans les plans de carrière des joueurs à ne pas faire long feu dans ce type de championnat. La valorisation de notre football passe également par là.
Géraud Viwamit