Trois mois après l’exploit des Ecureuils quarts de finaliste de la Can 2019 en Egypte, Bjfoot.com vous révèle un entretien exclusif avec Khaled Adénon, le défenseur et vice-capitaine des Ecureuils dresse un bilan complet du tournoi du Béni. Première partie.
Absent en quarts de finale, vous étiez déçu de n’avoir pas joué ou d’avoir perdu ?
Oui ! J’étais déçu des deux : de ne pas pouvoir aider les coéquipiers sur le terrain et puis apporter ce que je sais faire. Je n’ai pas pu faire ça. En plus, je suis déçu du résultat parce que ce n’est pas passé loin. Il nous manquait juste la réussite, je crois parce que les gars, ils ont tout donné, ils ont joué à fond. Comme tout joueur, on est tous compétiteurs, on a toujours envie de gagner tout ça pour dire que j’étais un peu déçu mais c’est la vie et c’est le foot. Il doit avoir un gagnant est un perdant et ce jour là c’était nous. Pendant cette Can on a appris de bonnes choses et comme je l’avais dit dans une interview mes deux premières c’était pour apprendre donc à la troisième c’était la bonne. On a tout fait, on a tout misé pour pouvoir faire une bonne Can en Égypte et c’était le cas. En espérant que cela va nous servir prochainement pour essayer d’aller encore plus loin.
Vous vous rendez compte quand même que le Bénin a fait un quart de finale de coupe d’Afrique des nations, dites-nous en toute honnêteté quand vous aborder le groupe C avec le Ghana et le Cameroun vous vous étiez fixé, entre vous, quel objectif au départ ?
Comme tout le monde disait, c’était pour aller gagner le match à la Can parce que cela n’était jamais arrivé. Ensuite passer au plus vite le premier tour. On a su passer le premier tour mais on n’a pas réussi à gagner un match (sur le temps réglementaire). Au fur et à mesure pendant la CAN on a vu qu’on pouvait aller loin, donc on a misé là-dessus. On a eu l’appétit en mangeant en fait. On a su gratter pour arriver en huitième de finale et quarts de finale même si les gens ne pensaient pas qu’on pouvait aller jusque-là. Nous nous savons qu’on pouvait y arriver entre nous les joueurs on savait de quoi nous étions capables et jusqu’où on pouvait aller. Donc cela ne nous étonne pas d’être arrivé là. Ça a étonné l’Afrique parce qu’à la base il ne nous voyait pas là. C’est aussi grâce au soutien du peuple béninois grâce aux prières qu’on est arrivé là. C’est une première pour le pays, c’est bien tout simplement.
Avec un peu de recul comment analysez-vous votre premier match de la compétition face au Ghana ?
Oui le premier match face au Ghana on a vu que tous les joueurs étaient super concentrés. Contre ces équipes il faut être super concentré et motivé. On a su avoir ça. Ce n’est pas évident parce qu’on était menait puis on se fait rattraper et dépasser. Il faut avoir le mental pour revenir au score même si ils ont joué à dix, on n’a pas lâché. On n’a pas baissé les bras, on a su aller de l’avant on a obtenu ce match nul. Et franchement ça nous a fait du bien. Ça nous a tout de suite mis dans la Can parce que tout le monde voyait le Ghana nous battre. Donc ça nous a mis dans la compétition. Cela nous a donné plus de courage, parce que faire un match nul contre le Ghana même s’ils ont joué à dix ce n’est pas tout le monde qui le fait. C’est une grande nation.
Deuxième match face à la Guinée-Bissau, c’était annoncé comme le match le plus facile ou le plus abordable pour le Bénin mais ça ne s’est pas passé comme ça…
Oui sur le papier et par rapport au nom du pays la Guinée Bissau, les gens pensaient qu’on allait gagner facilement. Mais s’ils sont arrivés à la Can c’est parce qu’ils ont de bons joueurs. Il faut reconnaître que moi aussi sur le papier c’est ce match qu’on devrait gagner. Mais comme je l’ai dit c’est une bonne équipe avec de bons joueurs qui voulait aussi gagner. Ils pouvaient être aussi troisièmes parce qu’ils avaient un point. Aussi, ils étaient venus avec la mission de ne pas perdre contre nous. Oui il y avait un peu de déception sur ce match parce qu’il fallait au moins gagner, mais bon on a pris un point. Et ça nous a permis de se qualifier et on est passé au deuxième tour.
« Jouer les quarts de finale ce n’est pas donné à tout le monde surtout pour le Bénin. Tout le monde était en joie, on sautait partout. C’était magnifique ! »
Et la grande affiche face au Cameroun qui est sans doute le match qu’on peut citer comme le plus difficile pour le Bénin…
Oui le Cameroun c’était un match difficile. On a beaucoup couru derrière le ballon mais on n’a pas lâché parce qu’on voulait passer au deuxième tour. Le Cameroun, c’est une bonne équipe et puis c’est le tenant du titre donc ils ont mis ce qu’il fallait dans le match. Posséder le ballon nous faire courir. On a su gérer parce qu’il nous fallait un match nul pour pouvoir passer. Il ne fallait donc pas perdre ce match là donc on a su bien gérer toutes les attaques camerounaises. Même si c’était compliqué ça nous a permis de passer au deuxième tour.
Et puis il y a ce match qui est devenu historique dans les deux sens, particulièrement pour vous et pour toute la nation béninoise celui face au Maroc…
Ah oui le match contre le Maroc tout le monde nous voyait perdre. Parce que c’est le Maroc, ils ont des joueurs qui jouent dans des grands clubs en ligue des champions. C’était un peu plus compliqué pour nous mais bon on a su mettre en place ce qui nous a été demandé. On a marqué le premier but ; bien sûr on a eu plus de confiance pour dire qu’on peut les battre mais pour mon rouge l’arbitre a décidé autrement mais comme on le dit il y a un Dieu pour les faibles.
Vous étiez comment pendant la séance de tirs au but puisque que vous n’étiez pas sur le terrain…
Mais je n’ai même pas eu accès au stade pour aller regarder jouer mes coéquipiers. Je ne savais pas comment ça s’est passé. C’est après que j’ai entendu des chants béninois depuis le vestiaire donc je me suis dit qu’on a gagné
Donc vous n’aviez pas regardé les tirs au but dans les vestiaires?
Non non! je n’ai pas regardé il y avait pas de télé, je ne savais rien. C’est après quand j’ai entendu les chansons béninoises , j’ai donc su qu’on a gagné qu’on a passé ce cap. J’étais très content parce que ce n’était pas évident parce que l’arbitre a tout fait pour qu’on perde ce match.
C’était la folie dans les vestiaires rire…
Malgré ma sortie, les gars ont su bien finir. Après dans les vestiaires tout le monde était content parce que jouer les quarts de finale ce n’est pas donné à tout le monde surtout pour le Bénin. Tout le monde était en joie, on sautait partout. C’était magnifique !
« Alors, mon coéquipier Moïse (Adilehou) a eu une crampe donc je viens en aide pour qu’il puisse faire quelques étirements mais l’arbitre vient par derrière et me tire et me dis : viens on y va. Et moi j’ai dit : lâche-moi »
Si on peut revenir sur le carton rouge , les deux cartons jaunes que vous prenez est-ce qu’on peut enfin savoir ce qui s’est passé ?
(Rires) franchement moi-même je ne sais pas ce qui s’est passé. Sur le premier jaune, je crois qu’il a dit à saturnin qu’il perdait trop de temps à dégager le ballon et moi je passe et je dis mais ça fait que dix minutes seulement qu’on joue et vous lui dites qu’il perd le temps. Là j’ai eu le premier carton. Sur le deuxième, c’est incroyable quand même. C’était à la 86e minute, tout le monde était fatigué avec la chaleur. Alors, mon coéquipier Moïse (Adilehou) a eu une crampe donc je viens en aide à mon coéquipier pour qu’il puisse faire quelques étirements mais l’arbitre vient par derrière et me tire et me dis : viens on y va. Et moi j’ai dit : lâche-moi. C’est tout ce que j’ai dit puis j’ai reçu un second jaune. C’était très difficile de quitter mes coéquipiers puisque ce sera difficile de gagner ce match mais pas la grâce de Dieu ils ont tenu jusqu’aux tirs aux buts. Dieu a fait parler sa merveille.
Et les quarts de finale comment l’avez-vous vécu dans la tribune c’était sans doute le match le plus difficile de votre carrière. Vous avez déjà été suspendu pour des matchs mais pas pour les quarts de finale de Can ?
C’était compliqué vraiment. En tant que joueur je ne souhaite pas ça à mes coéquipiers d’être suspendu pour les quarts de finale, demie ou finale et d’être dans les tribunes. C’était très dur pour moi très difficile. J’étais dans les tribunes et j’ai transpiré parce que je ne pouvais rien. C’était difficile pour moi sur chaque action. C’était dommage de ne pas pouvoir être sur le terrain avec mes coéquipiers pour donner ce que je sais faire où apporter un peu de mon expérience. Franchement, j’avoue c’était difficile. Mais on a joué contre le Sénégal c’était un match très tendu.
La seule différence qu’il y a eu c’est qu’ils ont su marquer en une deux trois situations. Et qu’on n’a pas su bien gérer c’est dommage quand même. Dieu a décidé autrement on devait s’arrêter mais avec beaucoup de fierté et pas beaucoup de regrets parce qu’on est rentré au pays la tête haute pour dire aux béninois qu’on n’a pas sali le drapeau. On l’a bien porté même si on n’est pas allé en finale.
Entretien réalisé par Géraud Viwami