Gernot Rohr a dévoilé jeudi dernier une liste de 25 internationaux convoqués pour les matches amicaux face à la Côte d’ivoire et au Sénégal à Amiens pour le compte de la trêve internationale de mars. Plusieurs choix assumés du technicien franco-allemand sont loin de faire l’unanimité au sein du public et pas que.
Soukou et Dorémus « pas satisfaisants »
C’était une demie surprise de ne pas voir Cèbio Soukou retenu. Le milieu offensif de Bandirmaspor jamais titularisé en quatre matches sous Rohr n’aura eu droit qu’à trois entrées en jeu se résumant à 100 minutes au total. Une période suffisante pour que le technicien juge le joueur « pas satisfaisant » selon ces termes pour prétendre à une place dans son groupe. Une vraie chute pour le joueur dont le statut dégringole d’un coup à la surprise générale. Deuxième meilleur passeur de l’histoire de la sélection béninoise avec 8 passes décisives derrière Mouri Ogoubiyi , 11 passes décisives alors qu’il n’est international que depuis 2019. Il détient également le record d’implication sur un but en phase finale de Coupe d’Afrique. Décisif à trois reprises en Egypte 2019. A part Mounié aucun joueur n’a été plus décisif que lui sous le maillot de la sélection béninoise où il n’a presque jamais déçu avec 4 buts à son actif en 25 capes sur la même période. Comme un talisman, le Bénin n’a perdu que 6 matches sur 25 lorsque Soukou était aligné. Il était d’ailleurs buteur lors des deux dernières victoires en date du Bénin en mars 2022 contre le Libéria (4-0) et la Zambie (2-1). Soukou jouit d’une régularité en deuxième division turque avec son club à la lutte pour une promotion dans l’élite en alignant 21 matches pour un but. Au delà de ses chiffres, il était naturellement un leader technique et préposé aux coups de pieds arrêtés de l’équipe avant la prise de fonction du nouveau sélectionneur. L’absence du joueur formé à Bochum n’est pas du tout passé inaperçue et se révèle incompréhensible.
Idem pour Melvyn Dorémus qui n’aura joué que 45 minutes en une sélection sous Rohr, l’arrière droit fautif sur un penalty, manqué d’ailleurs, à Kigali n’a plus jamais été retenu. Pourtant, lui a aussi a été rarement décevant en sélection nationale. Joueur polyvalent, l’arrière latéral droit de prédilection a même dépanné à gauche avec succès lors des campagnes de qualifications du Mondial 2022. Passeur décisif notamment sur le but égalisateur contre la RD Congo à Cotonou. Le joueur de 27 ans réalise un exercice de qualité avec Chambly à la lutte pour la promotion avec 18 matches (1 but). Les deux éléments ne rentrent pas dans les choix du coach tout simplement.
Le cas Jodel Dossou fait débat
Une autre pilule amère : la présence de Jodel Dossou. Mis au placard à Sochaux où il n’a joué qu’un seul match en National 1 depuis août dernier et 3 apparitions avec la réserve en N3 n’est pas du goût de l’opinion publique car le sochalien manque clairement de temps de jeu. Les critères de sélection sont-ils revus en fonction des statuts ? puisqu’il fait partie des vice-capitaines de l’équipe désormais. Même s’il a été décisif sous Rohr en étant buteur contre le Rwanda en mars 2023 et le Mozambique en septembre 2023 puis passeur décisif en novembre dernier contre l’Afrique du Sud, l’ailier se retrouve fragilisé dans sa position actuelle. Le technicien n’envoie pas forcément un bon message à son groupe de sélectionnables avec ce choix qui fait couler pas mal d’encre.
« Les locaux » snobés?
Hormis les désormais « habitués », aucun joueur local n’a pointé le bout de son nez sur cette nouvelle liste. On espérait que le staff accorderait plus de crédits aux performances réalisées par les joueurs en Super Ligue béninoise notamment sur les postes offensifs. Les meilleurs buteurs Roméo Da Costa , auteur de 9 buts avec l’Aspac ou Bio Odo Chabi qui a déjà planté 10 pions cette saison tapaient sérieusement à la porte mais sont restés à quai. Quasi méconnus aux yeux du sélectionneur himself. La question du staff et de la supervision crédible des joueurs locaux revient encore sur la table. Rohr a délégué cette tache à un assistant dans son staff, le sélectionneur ne semble pas se soucier plus que cela du suivi de ligue locale outre ses furtives apparitions lors de ses passages au Bénin. Car il faut préciser que ce dernier n’a pas élu domicile sur le territoire béninois. Un choix bien étrange pour un « employé » aux frais de l’Etat. Un regard plus pointu mérite d’être posé sur la ligue locale, le renouvellement annoncé et en cours passent aussi par la mise en valeur de la pépinière en guise de méritocratie.
Géraud Viwami