Le Bénin a bouclé une année 2023 tristement historique sans victoire avec un point pris sur les deux premières journées des qualifications du Mondial 2026. Un bilan difficile à encaisser pour Gernot Rohr malgré l’enthousiaste déclenché à son arrivée, le technicien français est moins en réussite dans le vif du sujet avec plusieurs questions.
Une année blanche qui passe mal
Arrivé en poste en février dernier, Rohr a dirigé 8 matches officiels sans décrocher une victoire sur le terrain. L’unique succès était un tapis vert contre le Rwanda en mars. Le bilan comptable est bien négatif entre l’élimination dans la course à la Can Côte d’ivoire 2024 en ayant dirigé les quatre dernières journées et l’entame manquée des qualifications du Mondial 2026 avec un petit point glané en deux matches. Mis en échec? On ne peut pas dire que tout ceci est rassurant si l’objectif est de fouler le sol nord-américain dans un peu moins de trois ans. Les résultats qui devraient être le ciment des signes de progression du projet de l’équipe font défaut et remettent tout en cause car on ne peut pas atteindre les objectifs sans gagner. Le sélectionneur n’est pas encore sur la sellette mais pour la confiance de son groupe, la première victoire qui doit être le déclic se fait désirer. Car l’année blanche la sélection nationale passe très mal.
Tout n’est pas à jeter
Hier face au Lesotho, le Bénin sous l’ère de Rohr a signé son premier clean sheet en 8 matches après avoir encaissé lors de chacun des 7 premiers matches dirigés par l’ancien niçois. Ce dernier qui a une philosophie de jeu porté vers l’avant semblait oublier que le socle défensif de l’équipe était fragile. Avec 11 buts encaissés c’est sans doute le plus gros chantier à travailler. A l’opposé, l’équipe est plus intéressante dans la surface adverse avec 8 buts inscrits sur les 7 premiers matches. La rencontre d’hier était la première sans marquer sous les ordres du franco-allemand. Quoique Steve Mounié et Imourane Hassane y étaient presque. Outre le manque d’efficacité, l’équipe béninoise se crée des situations dangereuses multiples à chaque match. Encourageant. C’est un axe de progression. En revenant au 4-3-3 sur cette trêve de novembre, les Guépards ont été plus à leurs aises dans la construction du jeu. Il faudra gommer les déchets techniques et les mauvais choix récurrents dans les derniers mètres adverses. Les repères sont meilleurs. Les bonnes fins de matches comme face à l’Afrique du Sud, Lesotho, Rwanda et Sierra Leone résultent de l’impact apporté par les remplaçants qui arrivent à insuffler un second souffle en cours de match. Avec des entames plus réussies en termes de concentration, l’équipe peut retrouver une meilleure âme et un mental de conquérant.
Les prochains chantiers
Rohr doit désormais se pencher sur plusieurs chantiers. Le premier chantier sur lequel le sélectionneur est attendu est le développement du label local. Le Bénin ne dispose pas d’une pléthore d’internationaux au haut niveau d’où l’importance du travail de fond sur la base du championnat national où l’Etat accompagne convenablement désormais. Sillonner, superviser un peu partout sur tous les terrains de Ligue Pro doit être un impératif afin de s’imprégner des réalités surplace et travailler pour faire progresser à chaque niveau. Si la sélection A’ doit devenir l’antichambre crédible de l’équipe fanion, il urge d’y faire un réel travail sérieux. Depuis le départ d’Oumar Tchomogo en 2017, qui a révélé une bonne génération, aucun sélectionneur n’a pris la peine de travailler réellement sur le plan local. Prévoir et suivre de près les stages des A’ pendant les trêves locales sur toute la saison serait à des fins utiles. Le sélectionneur national du Bénin « doit » vivre sur le territoire national à plein temps pour effectuer un travail efficace. Le staff ne doit pas fonctionner sur un modèle de mercenaires pour se présenter uniquement sur les regroupements. Ou encore déléguer toute la responsabilité locale à un seul individu qui peine à travailler convenablement depuis quelques années. Si Rohr veut travailler c’est le moment de le prouver car en ayant snobé la presse locale sur les deux dernières annonces de sa liste, l’implication de ce dernier dans le projet de développement du nouveau cycle du football béninois se résume à faire monter les U20 de Mathias Déguénon en équipe fanion. Le modèle local doit être placé au coeur du projet.
Le second est l’ouverture des radars. Le renouvellement progressif de l’effectif en cours en ratissant plus large dans la constitution de ses listes. Elargir le cercle des pré convocations au maximum de joueurs sélectionnables. Les joueurs blacklistés pour raisons inconnues depuis des années doivent être désormais considérés car la sélection nationale a besoin de toutes les forces vives. Le sélectionneur méconnait encore plusieurs profils qui peuvent rendre des services, il doit garder un oeil attentif sur tous et maintenir concernés les joueurs performants. Les missions de supervision au sein des clubs doivent se multiplier afin de juger le niveau réel de chacun. Respectez les critères de sélection sur fond de méritocratie. Le travail bien fait passe par cela aussi. Nous avons quatre mois pour observer les progrès avant la prochaine liste en mars.
Géraud Viwami