Gernot Rohr a dirigé son premier regroupement à la tête du Bénin le mois dernier. Si les deux matchs des qualifications de la Can Côte d’ivoire 2024 se sont soldés par deux nuls 1-1 face au Rwanda, le sélectionneur a fait des débuts qui laissent entrevoir des promesses sur plusieurs chantiers.
Garder la flamme
En ayant seulement une seule journée de travail avec son groupe, Rohr a sans doute dirigé le match le plus abouti du Bénin depuis des lustres face au Rwanda à Cotonou le 22 mars dernier. Déjà les chiffres illustrent bien cette domination, 27 tirs, 10 cadrés et 11 corners obtenus. Mais le seul but marqué fait tâche, le réalisme est en question. Mais, dans le fond les béninois ont été au niveau notamment en seconde période. Dans le jeu comme dans l’intensité, les Jaunes ont fait vibrer le stade GMK de Cotonou totalement séduit. Le coaching du sélectionneur a été aussi tranchant avec l’abandon du 3-5-2 au profit du 4-3-3 sur le second acte. Le public a été conquis tout comme les observateurs, les idées du sélectionneur sont passées. Le seul hic sur la double confrontation c’est les deux buts encaissés qui étaient tout aussi évitables. Le premier sur une erreur de placement à Cotonou et le second sur une inattention sur corner à Kigali. L’autre péché mignon des Guépards. Il faut aussi ouvrir le dossier sur la défense qui doit être plus décisive. L’efficacité dans les deux surfaces est obligatoire pour progresser. La prestation référence est déjà toute trouvée. Maintenant , il faut reproduire plus souvent ce type de contenu pour conserver cette identité de jeu sur la durée.
Donner « progressivement » le pouvoir à jeunesse
Dans sa liste, il avait retenu six joueurs de moins de 22 ans. Sur les six quatre ont été utilisés sur les deux matches face au Rwanda. Rachid Moumini , Imourane Hassane et Dodo Dokou ont connu leurs premières capes chez les A. Les deux derniers cités ont été mêmes titularisés. Rohr est déjà pleinement engagé sur l’épineux chantier du renouvellement progressif de la sélection béninois dans plusieurs secteurs. Le sélectionneur l’a déjà martelé en conférence de presse avant de joindre l’acte à la parole à travers ces choix sur le terrain. A petit feu, une nouvelle génération pourrait prendre le pouvoir chez les Guépards à condition de saisir la balle au bond.
Ouvrir la porte aux « blacklistés »
Rohr doit aussi faire face à l’intégration de plusieurs joueurs écartés depuis des lustres du sillage de la sélection malgré une régularité reconnue en club. Le timing et les prestations convaincantes des U20 ont servi de pont pour les jeunes appelés pour la première fois en A. Mais sur le dernier regroupement, le sélectionneur s’est retrouvé dos au mur suite à l’inquiétude liée à la cuisse de Steve Mounié. Le staff a été essayé de rappeler un joueur offensif qui n’avait pas été pré convoqué sans succès. Il aurait pu rendre bien des services. Arrivé dans l’urgence quelques jours avant sa première liste, le sélectionneur n’a pas su ratisser large. Anaane Tidjani (Doxa/Chypre), Yannick Aguémon (Virton/ Belgique), Marcellin Koukpo (Constantine/Algérie) qui étaient plutôt des habitués du groupe auraient pu servir pour combler les absences. Le Bénin s’est retrouvé avec un secteur offensif fortement dégarni après les forfaits de Soukou et Chibozo. Cela a bien pesé sur l’équipe. Rorh doit aussi ouvrir le dossier des joueurs « snobés ». Il s’agit d’Arsène Loko, milieu offensif récent vainqueur de la Coupe d’Oman avec Al Nadha et en passe de réaliser le doublé en championnat. Jacques Bessan, grand artisan de qualification des libyens d’Al Akhdar en phase de groupe sur cet exercice de la Coupe Caf avant de rejoindre les tunisiens de Chebba à la trêve. Abdel Fadel Suanon, l’attaquant d’Al Kharaitiyat auteur de 15 buts sur le précédent exercice qui est aussi placardé en sélection. Sans oublier Ulrich Quenum, le meneur de jeu qui enchaîne les performances à l’As OTR au Togo et lorgné de l’autre coté de la frontière de l’Ouest. Il faut aussi garder un œil sur les jeunes défenseurs Mael Sèdagondji (23 ans) qui a retrouvé des couleurs sur le côté droit à Créteil tout comme Charlemagne Azongnitodé (21 ans) qui réalise une saison de qualité avec Oman club, actuel quatrième du championnat omanais. Le suivi minutieux des championnat locaux aussi est un point important pour repérer les bons profils. Créer et entretenir un vivier des meilleurs joueurs locaux peut servir au renouvellement attendu dans l’équipe fanion. Le précédent staff a bien montré ses limites dans ce secteur en laissant par exemple sur le carreau des joueurs du calibre de Romaric Amoussou auteur de 18 buts et 16 passes décisives avec Coton F.C. Une anomalie.
Ces profils méritent d’être suivis à des fins utiles, la concurrence passe aussi par la mise en valeur des performances.
Géraud Viwami