Coupes Africaines : Le baromètre révélateur du foot local
Les deux représentants béninois en coupes africaines n’ont pas pu franchir le premier tour préliminaire, deux éliminations avec un bilan noir à tous les étages qui fait grincer des dents. Buffles et Coton ont tristement quitté la scène africaine suite à des prestations loin des exigences du niveau continental. Deux échecs qui rappellent que le développement du football local béninois est encore au sous-sol.
Des chiffres d’impuissance
Quatre matches; quatre défaites, huit buts encaissés pour un seul marqué sur pénalty, les deux clubs béninois ont fait preuve d’une faiblesse incroyable en coupe de la Caf et en Ligue des Champions. Un véritable aveu d’impuissance. Pourtant, Buffles vice-champion du Bénin avait un adversaire modeste, Kallon Fc, cinquième du dernier championnat sierra leonais mais le club de Parakou a été dominé 1-0 à l’aller 3-0 au retour. Ils n’ont jamais fait le poids sur les deux matches. C’est d’ailleurs la quatrième campagne africaine de suite où le club n’arrive pas à franchir le premier tour. Sur les huit derniers matches africains disputés, ils ont concédé quatre défaites et quatre nuls. La marche est définitivement haute pour les béninois.
Quant à Coton Fc, champion du Bénin 2022, dont c’était la première participation en ligue des champions, l’adversaire était un cran au dessus depuis le tirage au sort. Les ivoiriens de l’Asec Mimosas se sont fait respecter face à des novices rapidement dépassés avec deux défaites sans contestation. Loin d’être ridicule, le club de Ouidah a connu un apprentissage musclé pour ses débuts sur la scène continentale. Le club qui affiche ses ambitions sur le plan local a pu mesurer l’écart sur l’échiquier international. Un début d’apprentissage dur mais nécessaire.
Le niveau local en question
Depuis Esae en 2019, qui a réussi l’exploit d’accéder à la phase de groupe de la Coupe de la Caf , les bonnes performances béninoises en coupes africaines n’existent pas. Nous sommes bien loin des années 80 où les Dragons étaient un ambassadeur crédible et redouté en Afrique. Le manque de culture des compétitions africaines, les staffs techniques limités, les préparations tronquées sont les premières causes des échecs répétés à ce niveau récemment.
Le nouveau format du championnat local pose aussi question, disputer une phase zonale puis une phase nationale avec des matches chaque trois jours épuisent et tue la compétitivité. Le Bénin est le seul pays au monde où 36 clubs sont mélangés pour jouer le titre sans première ni seconde division fixes. Cette configuration empêche de jauger la régularité des clubs et leur progression puisque le noyau dur change à chaque saison depuis trois ans.
Mauvais élève de la sous-région
L’inexistence de l’intellect dans notre football refait surface encore. On parlera de la direction technique nationale à juste titre car le suivi des compétitions locales est un gros échec compte tenu des récents moyens injectés dans les infrastructures et les réformes structurelles instaurés auprès des clubs. Par exemple, sur les 36 clubs, le sélectionneur national n’a pas été capable de repérer deux arrières latéraux de métier capables de tenir chez les A’ puis chez les A. Un cas bien révélateur d’un suivi défaillant du football local. D’ailleurs, le Bénin est un peu le mauvais élève de la sous-région en football local en étant le seul pays qui n’a jamais participé au Chan depuis 2009 mais en ayant l’un des championnats locaux les mieux « payés » de la zone. Paradoxe. Sur cette saison, les clubs représentants du Togo, Burkina Faso et Niger ont passé le premier tour face à des adversaires de bons niveaux alors que le tableau est vierge au Bénin. Sans comparaison, le Bénin est surement à sa place tant le développement technique du football local est confié au pur hasard.
Géraud Viwami