Le Bénin n’est pas un pays de football et cela n’a pas encore changé.
On a longtemps cru qu’en changeant de vague à la tête de notre fédération, la donne seraitnouvelle. Mais rien. Après un premier mandat sec, on peut dire que c’était trop rêver. Quatre années sans politique de développement, sans formation des encadreurs, sans décisions influentes et sans communication cohérente. Ah oui ! on a fait un quart de finale à la Can Egypte 2019. Et après ? Le bureau exécutif de la fédération qui sera encore quasi identique pour les quatre prochaines années a fondamentalement changé quoi à notre football ? On roule vers huit années de sommeil profond avec les mêmes maux. On rappelle entre autres que nous n’avons toujours pas de championnats de jeune. Nous avons un individu, solitaire, sans équipe de travail, nommé à la tête de la direction technique nationale sans projet de développement à court ni à moyens terme. Un drame. Tenez, le Bénin est un pays qui n’a pas d’entraîneur diplômé d’une Licence Caf A. Le plus haut grade du parchemin du continent africain aucun béninois n’en détient. Les techniciens béninois les mieux diplômés en football ont été formés à l’étranger. Les plus hauts gradés actifs de notre système de coaching local possèdent une Licence C qui n’est que la deuxième marche après la Licence D de base. Apparemment, ça ne dérange personne et nous voulons allez loin avec ça.
On peut parler de l’organe suprême du sport qui n’a jamais été aussi proche du sport roi mais qui n’a aussi rien révolutionné. A part s’approprier les lendemains de victoires. Vous voulez qu’on parle des classes sportives ? Ou des directeurs sportifs étrangers qui coûtent un bras aux sociétés locales ? Ah oui ! Maintenant, nous avons des stades construitssur tout le territoire. Au moins, on ne joue plus sur la terre battue. C’est déjà ça. Mais pour faire quel football de qualité quand les intérêts sont entremêlés ?
On peut parler du format du championnat actuel ? Une phase zonale et une phase nationale ensuite. Un « essai » qui sera à son troisième exercice d’affilée pendant que la compétitivité se meurt. Un chamboulement inattendu qui dure au gré des décideurs. La ligue sert à quoi ? Avec la Super Ligue où les clubs et les joueurs arrivent presque cramés avec deux matches par semaine pour la phase décisive. Aucun joueur local béninois n’a le bagage nécessaire pour faire deux matches semaines sur quatre mois et espérer progresser convenablement. Mais, apparemment cela ne dérange personne. Le Bénin est désormais le seul pays au monde avec un championnat à 36 clubs sans première ni seconde division définie. Ingénieux ou bien ?
Et si on parlait des incompréhensions qui passent sous silence. La question de l’équipementier des Ecureuils non résolue depuis 2019. Dernière illustration, la sélection des A’ a joué à Cape Coast contre le Ghana lors du premier tour du Chan avec un maillot dont le haut a été fourni par Umbro et les shorts par un fournisseur privé. Classe. Vous voulez qu’on vous explique pourquoi le Bénin a joué en blanc face au Ghana dimanche dernier à domicile ? C’est à ce genre de bricolage qu’on s’adonne pour habiller nos sélections nationales depuis des années. On peut parler des listes de joueurs sélectionnés en équipe nationale qui circulent sur les réseaux sociaux sans conférence de presse ou annonce officielle sur les canaux de la FBF ? La liste des anomalies est trop longue.
On peut parler des préparations hâtives voire bâclées des sélections U17, U20, U23 et A’ ? Le calendrier nous surprend toujours au Bénin. Les équipes nationales de jeunes qui n’ont pas de managers naviguent à vue sans politique de suivi. Les meilleurs jeunes béninois ne n’exportent pas. Ces dernières sélections ont été toutes orphelines d’un suivi digne du nom. On vous épargne des détails qui n’honorent pas notre pays comme faire dix-sept heures de route en bus pour traverser deux pays afin de disputer un match international ou des joueurs convoqués bloqués pour défaut de passeport.Exceptionnel.
D’ailleurs, ouvrons une parenthèse, pourquoi les staffs des U17, U20 et U23 n’ont jamais de contrat comme celui des A ? N’allez pas croire que c’est interdit. Cela fait partie des fausses habitudes qui ont traversé le temps au Bénin et qui deviennent un facteur clé dans le trou noir que le Bénin traverse chez les jeunes. Le travail est biaisé. Malgré cela celui des U20 a qualifié le Bénin pour la prochaine Can en Egypte mais ils sont toujours en l’air. Fantastique. On n’a jamais eu l’intelligence de se pencher sur la question. Le Bénin n’a même pas un centre technique national pour commencer. Ce qui devrait être le laboratoire même de notre football n’existe pas. Pitoyable.
En parlant de contrat, le sélectionneur des A est toujours attendu. Oubliez l’Antalya Cup, l’intérim s’est déjà transformé en suicide. Tout le monde a vu. Le zéro pointé en deux journées de qualifications combiné au visage présenté par les Ecureuils a déjà montré les limites de ce technicien à ce niveau. Sans compter sa gestion de l’équipe et sa communication douteuse. On peut ressortir les mêmes arguments pour les A’ dont il est patron depuis 2018 avec deux échecs au premier tour du Chan, sans le moindre but inscrit. La marche est déjà assez haute pour le concerné, qui doit encore passer ces diplômes pour le métier, mais nos décideurs ne voient pas la même chose que nous. Dommage.
Mais apparemment, tout ceci ne dérange absolument personne. Bienvenue au Bénin Comedy Football Nation.