Dans un entretien accordé à nos confrères français de Maligue2.fr , Jordan Adéoti (31 ans) est revenu sur la fin de son aventure avec Auxerre. Cité parmi les plus gros salaires de la Ligue 2 français, le milieu défensif des Ecureuils annonce qu’il ne prolongera pas son contrat qui expire le 30 juin prochain en Bourgogne, il évoque sa saison compliquée et la Can 2019.
Tout d’abord, comment avez-vous vécu ce confinement et quelle est votre réaction par rapport à l’arrêt des championnats qui a été décrété ?
Je l’ai plutôt bien vécu. On pensait que ça allait être plus dur que cela mais personnellement, je fais partie de ceux qui ont la chance d’avoir une famille bien unie. On a de quoi profiter à la maison, ça nous a rapproché, ça a été une bonne chose pour cela. Mais après, c’est vrai que ça a été difficile d’un point de vue sportif parce que ne pas jouer au foot pendant tout ce temps, c’est compliqué à vivre quand on a l’habitude de ne faire que cela.
Par rapport à l’arrêt des championnats, on s’adapte, c’est un choix du gouvernement d’avoir instauré cet arrêt. Je faisais partie des joueurs qui souhaitaient reprendre, je l’admets. Je me dis que si on reprend les entraînements en juin ou en juillet pour la plupart des groupes, il n’y aura pas de grand avancement au niveau du virus. Est-ce que ça permettra de mieux organiser les choses ? Je pense qu’on est resté 2 mois à l’arrêt, et je ne vois pas ce qu’on va pouvoir trouver de plus dans deux mois comme consignes sanitaires pour pouvoir reprendre dans de meilleures conditions qu’aujourd’hui. On verra bien à l’avenir, la reprise du championnat allemand va déjà donner une réponse de ce qui aurait pu être fait. De ce point de vue là, je me voyais reprendre avec des conditions très particulières, mais je ne voyais pas le but de repousser la reprise de deux mois, car je pense qu’on ne sera pas plus avancés.
Vous arrivez en fin de contrat à l’AJA, est-ce qu’une proposition de prolongation vous a été formulée ?
Non, je n’ai pas eu de proposition. Ça a été une année assez particulière sur le plan personnel à Auxerre. J’ai moins joué cette année, je crois que c’est la saison où j’ai le moins joué depuis que je suis professionnel. J’ai quand même fait de bons matchs quand on a fait appel à moi (6 apparitions en Ligue 2), et j’ai passé une bonne saison sous les ordres de Jean-Marc Furlan. Mais je n’ai pas reçu d’offre de prolongation et je me dirige vers un départ au 30 juin de l’AJA.
Vu la situation actuelle, êtes-vous inquiet de vous retrouver sans contrat dans cette période ?
Malheureusement on ne sait pas, c’est la grande question. D’une part, il y aura sûrement pour les clubs le côté attractif des joueurs libres car il n’y a pas d’indemnité de transfert, donc ça peut présenter un avantage. Mais d’un autre côté, il y a aussi toujours cette inquiétude liée à l’économie des clubs, et peut-être que beaucoup de clubs se tourneront vers leur centre de formation où des divisions comme le N1 ou le N2 pour recruter.
C’est un peu l’inconnu. Moi personnellement quand c’est l’inconnu, je suis à la fois inquiet et optimiste, c’est assez particulier. On verra, en tout cas je suis prêt à répondre à un nouveau challenge et j’espère que j’en aurais un beau qui va se présenter à l’avenir.
« Si je trouve un bon projet de Ligue 2, ce sera un grand plaisir »
Vous donnez votre priorité à la Ligue 2 ?
Je ne priorise pas de championnat particulier. Je suis vraiment ouvert à tout, même des championnats auxquels on ne pense pas forcément aux premiers abords. Ils peuvent se révéler intéressants au niveau sportif, mais aussi pour la vie familiale et expérience de vie, ce sont des choses qui entrent en compte car nous, nous jouons, mais nous emmenons aussi avec nous nos femmes et nos enfants. Il faut aussi quelque chose dans lequel eux puissent se retrouver et se sentir bien.
Je n’ai pas de priorité, je suis ouvert à tout horizon. Après, si je trouve un bon projet de Ligue 2, ce sera un grand plaisir car c’est un championnat que je connais très bien. Je termine sur une note un peu amère avec l’AJA, donc j’aimerais pouvoir rejouer d’une autre manière et en sortir par une autre porte.
Quel bilan tirez-vous de vos trois saisons à l’AJA ? Vous avez été l’un des cadres de l’équipe, capitaine même, alors que cette saison vous avez beaucoup moins joué…
Un bilan mitigé, forcément. J’étais arrivé à Auxerre avec beaucoup d’ambition collective notamment. Je savais que je mettais les pieds chez un grand nom du foot français. Avec tous mes coéquipiers ces dernières années, on avait vraiment envie de remettre le club en Ligue 1. C’était le projet quand je suis arrivé, et on est loin d’avoir réussi, donc c’est une déception. Sur le plan individuel, j’ai connu des hauts et des bas. J’ai eu un peu de difficultés au démarrage, mais ensuite j’ai connu une très bonne période sous l’ère Pablo Correa. Ensuite, ça s’est détérioré avant le départ de Pablo, où j’ai commencé à moins joué quand Cédric Daury a repris l’équipe.
Puis l’été dernier, on m’a demandé expressément de quitter le club, donc c’est forcément une déception quand on passe en quelques semaines de capitaine à “on ne veut plus de vous”. C’est un choix que j’ai difficilement compris car ça ne venait pas du côté humain. J’ai toujours tout donné pour le club, je me suis toujours bien comporté. Sportivement, même si je suis conscient que j’aurais pu mieux faire, j’ai quand même répondu présent quand on a fait appel à moi. Justement, on m’a enlevé à un moment où je répondais présent. Ces 18 derniers mois m’ont un peu surpris mais ça fait partie des choses qui arrivent dans le football. Il faut les accepter et respecter les choix de nos dirigeants, ce sont eux qui décident et ils ont une vue plus globale de leur projet. Il faut l’accepter, mais je n’ai pas forcément compris car je pense que j’avais les qualités pour apporter une plus-value à l’équipe.
Malgré tout, Jean-Marc Furlan a toujours loué votre mentalité au sein du groupe, vous sortez avec une belle image et vous avez tout tenté pour regagner votre place sur le terrain ?
C’est une des qualités que je sais avoir : ne rien lâcher et avoir un état d’esprit irréprochable quelque soit ma situation individuelle. Je l’ai fait naturellement, j’ai essayé de pousser l’équipe comme je le pouvais. Après, j’ai vite vu que quelque soit la qualité des entraînements, ce serait compliqué de gagner du temps de jeu car la hiérarchie était bien établie. Mais malgré tout jusqu’au bout je n’ai pas lâché, et j’ai essayé de répondre présent à l’entraînement et en match.
Je suis frustré car je pense qu’il y avait une belle chose à faire. Le coach Furlan est probablement le meilleur coach que j’ai connu dans ma carrière et j’aurais vraiment voulu apporter quelque chose à son équipe. J’adhérais pleinement à ses principes de jeu et à tout ce qu’il faisait, donc c’en est d’autant plus frustrant.
« Le coach m’avait appelé quand il était à Brest, j’étais persuadé qu’il connaissait mes qualités et qu’il pouvait les faire ressortir »
Avant cette saison galère, vous aviez en revanche connu une CAN 2019 magique avec le Bénin, où vous avez atteint les quarts de finale de la compétition pour la première fois de l’histoire du pays !
C’était exceptionnel, vraiment ! Un souvenir magnifique. C’est ce qui était paradoxal : de passer l’été avec mon meilleur souvenir professionnel et sportif, et enchaîner par une saison qui sera, je l’espère, la plus décevante de ma carrière. Mais je reste sur le superbe souvenir de la CAN, c’était historique. Le pays n’avait jamais franchi les poules, ensuite on a éliminé la grande équipe du Maroc ! C’était exceptionnel. Au niveau des émotions, c’était unique. Quand on est rentré à Cotonou, on avait l’impression d’avoir gagné la compétition ! On a ressenti l’immense fierté de la population et ça nous a rendu encore plus fiers, et c’est à ce moment qu’on a réalisé ce qu’on venait d’accomplir.
Est-ce que le fait d’avoir disputé la CAN et de rentrer tard vous a empêché de trouver un nouveau club alors que l’AJA ne comptait plus trop sur vous, ou vouliez-vous rester pour prouver que vous pouviez gagner votre place ?
J’avais conscience qu’après la saison qu’on venait de faire avec Auxerre (jouer le maintien, ndlr), ce serait compliqué de trouver une solution pour me céder. Surtout, vu que Jean-Marc Furlan m’avait appelé quand il était à Brest, j’étais persuadé qu’il connaissait mes qualités et qu’il pouvait les faire ressortir. J’étais persuadé de pouvoir entrer dans la concurrence et de m’imposer parce que quand j’avais vu le coach en rentrant de la CAN, il m’a dit qu’il n’était pas du tout contre le fait de m’utiliser s’il me voyait performant à l’entraînement.
Après, il a une méthodologie bien particulière, avec des milieux qui fonctionnent par paire. Et c’est vrai que la doublette Bellugou-Touré a très bien marché en préparation et lors des premiers matchs, donc il a décidé de leur faire confiance sur la suite de la saison. C’est quelque chose que je respecte totalement, même si je pense que j’aurais pu amener quelque chose de différent.
Source: Maligue2.fr