Convoqué pour la première fois avec les Ecureuils en mars 2019, Yannick Aguémon a fait ses premières apparitions en septembre dernier, l’ailier de l’OH Louvain est de nouveau retenu dans le groupe qui affrontera la Zambie demain en match amical à Porto-Novo. Il nous accordé un entretien exclusif où il s’exprime sur les Ecureuils, ses choix de carrière et ambitions. Extraits.
Cela fait plusieurs années que votre nom est cité, pourquoi rejoindre les Ecureuils maintenant ?
J’avais déjà été convoqué par l’ancien sélectionneur Omar Tchomogo mais j’avais un match important pour la montée en club et je n’ai pas pu venir. Ensuite Michel Dussuyer m’as contacté je devais venir en octobre 2018 contre l’Algérie mais la semaine avant la liste je me suis blessé au genou pour trois mois. Ce qui a fait que je suis venu en mars 2019.
Après avoir porté le maillot des Espoirs en France et disputé le tournoi de Toulon, maintenant vous êtes chez les Ecureuils en A , vous voyez une différence ?
Le palier espoir est à franchir pour arriver chez les A. C’est des objectifs quand tu es plus jeune. Quand tu es au centre de formation quand tu te rapproches du groupe professionnel. Une fois chez les A, c’est vraiment autre chose. C’est tout un peuple qui est derrière toi. Tout un peuple qui te suit avec ferveur et passion et avec engouement et c’est autre chose, le niveau est plus élevé. C’est des matches d’hommes qui sont regardés sur la scène internationale, c’est carrément autre chose.
Vous avez été surpris d’avoir été titulaire contre la Côte d’ivoire pour vos débuts, comment s’est passé cette première avec le maillot du Bénin?
Comme une fierté. J’ai beaucoup pensé à mes parents, à mes proches à ma grand-mère. Mon père était dans les tribunes, mon frère et mes amis aussi. Je pense que j’étais préparé à jouer ou à entrer, en tout cas je m’étais préparé à avoir du temps de jeu. Je sais que le coach voulait voir ce que je valais sur le terrain, ce qu’il en était pour moi par rapport au niveau international. Je me suis senti timide au début mais je m’en suis bien sorti quand même. Pour une première sélection ça été satisfaisant. J’ai pu au fur et à mesure du match, faire ce que je pouvais. Sur le match contre l’Algérie, je suis rentré en cours de jeu. J’ai montré aussi ce que je pouvais. Je pense que j’ai fais une bonne rentrée aussi contre l’Algérie. J’ai essayé d’apporter du dynamisme de provoquer, de rapporte du danger. De toute façon, on a beaucoup de joueurs qui apportent des qualités, qui ont à peu près les mêmes caractéristiques, c’est bien pour l’équipe.
En parlant de concurrence, à un poste où il y a des clients comme Dossou , Djigla , Soukou et Poté , c’est déjà trop fort…
Non ! Justement au contraire c’est bien pour le Bénin d’avoir beaucoup de joueurs à ce poste. C’est vrai que c’est des postes clés, où on aime avoir ce déséquilibre, ces joueurs d’un contre un, attaquer et provoquer, obtenir des fautes, des coups francs. C’est tant mieux pour l’équipe moi je dis la concurrence est saine. Les mecs qui sont là, ils ont fait du très bon travail avant que je ne vienne. C’est à moi petit à petit d’avoir ma place dans ce onze, de montrer ce que je sais faire. Et tout cas ça va passer des entraînement, des matches amicaux et qualifications. Travailler quotidiennement en club et être performant pour susciter l’intérêt et poser des problèmes, de bons problèmes au coach.
« Mais avant ce match contre le Maroc, j’avais un bon pressentiment. J’avais dis à des amis qu’on allait passer, qu’il ne fallait pas nous sous-estimer parce que sur les matches couperets, à élimination directe tout est possible ».
Vous avez manqué la Can 2019, les qualifications de la Can 2021 débute le mois prochain, et celles du Mondial 22 en mars prochain, alors quels sont vos objectifs à titre personnel avec les Ecureuils ?
Comme j’ai dis, je pense qu’il y a un objectif commun avant d’avoir un objectif personnel. Mais personnellement c’est d’être le meilleur possible, de scorer, de faire des statistiques pour l’équipe, tu aides ton équipe et tu as des chances d’être qualifié. Etre le meilleur possible et donner le maximum pour servir le collectif. Quand le coach fait appel à moi je réponds de la meilleure des manières.
Vous étiez supporter du Bénin à la Can, vous allez nous décrire comment vous avez suivi le huitième de finale entre le Bénin et le Maroc…
(Il coupe) non je n’ai pas suivi. J’avais un match de préparation parce que j’avais déjà repris avec mon club. A ce même moment on avait un match amical, j’ai suivi le résultat…
Et quand vous aviez appris le résultat. ?
Quand je suis arrivé dans les vestiaires, c’est un ami qui avait déjà son téléphone en main et qui m’a dit que le Bénin était passé. Mais avant ce match, j’avais un bon pressentiment. J’avais dis à des amis qu’on allait passer, qu’il ne fallait pas nous sous-estimer parce que sur les matches couperets, à élimination directe tout est possible. Avec la force mentale qu’on a avec la motivation et l’état d’esprit des gars, franchement il n’y avait pas beaucoup d’équipes qui pouvaient nous surpasser dans ce domaine. A partir du moment où vous êtes unis dans une équipe c’est compliqué de se faire bouger.
Vous étiez en contact avec des joueurs dans le groupe présent en Egypte ?
Oui oui ! À chaque fois qu’il y a avait des résultats, je n’hésitais pas à envoyer des messages, que ce soit moi ou d’autres personnes qui n’ont pas été sélectionnés ou qui étaient au sein du groupe. On s’échangeait. Comme j’ai dis il y a 23 joueurs qui sont sélectionnés mais c’est plus que cela. Il y a des joueurs qui sont sur la présélection et d’autres qui sont aux portes de la sélection. Tout ça c’est un groupe qui doit nous ramener à des résultats positifs.
Vous êtes né à Cotonou mais formé au Toulouse Football Club en France, comment on passe d’une naissance à Cotonou au centre de formation du Téfécé ?
(Rires). Cette question, elle est bonne. Je suis parti assez tôt de Cotonou, quand j’avais deux ans. Après tout s’est fait naturellement, j’ai joué au début à l’école, puis dans le quartier, là où j’ai grandi. Puis j’ai été inscrit dans un club de foot de ma ville. Après j’ai fais les échelons étape après étape. J’ai eu la chance aussi de rencontrer de bonnes personnes, un coach qui m’a fait énormément confiance quand j’avais douze ans, qui m’as inscrit à Clairefontaine. De là, j’ai passé les tests et j’ai fais partie des 25 joueurs retenus pour intégrer le centre de formation de Clairefontaine. J’y aie fais trois ans. Et j’ai signé entre temps au centre de formation de Toulouse où j’ai passé cinq ans et signé mon premier contrat professionnel.
« Il y avait Malines, Saint-Trond et le Cercle de Bruges aussi qui étaient intéressés »
Mais ensuite vous aviez disputé juste quelques minutes en Ligue 1 avant de rouler votre bosse ailleurs, vous n’avez pas de regrets de n’avoir pas pu vous imposer plus longtemps au Téfécé. ?
Si ! J’ai des regrets parce que je pense que je méritais un peu plus que cela. Vous savez qu’en ce moment là il y avait une grosse génération avec Etienne Capoue, Franck Tabanou , Moussa Sissoko , Cheikh Mbengue , Machado , et Congré. C’était compliqué aussi de se faire sa place. Il me fallait du temps de jeu. J’étais jeune et je voulais absolument jouer et c’est pour cela que j’ai fais le choix de partir du TFC.
Vous avez fait Vannes, puis Strasbourg, vous avez participé à la remontée du club Alsacien..
On est montée de la National en Ligue 2, mais je suis parti en cours de saison. Je voulais voir autre chose partir à l’étranger. J’ai eu l’opportunité de la Belgique que je ne connaissais pas du tout. Je suis parti là-bas et j’ai montré mes capacités. J’ai pu évoluer, progresser sans regrets. Aujourd’hui je suis bien en Belgique.
Vous entamez une quatrième saison en deuxième division belge, il vous manque quelque chose pour accrocher la première division ?
(Rires) J’aurais pu. Il y a eu des opportunités de partir en première division. Malheureusement cela ne s’est pas fait. Mon club ne voulait pas forcément me laisser partir. Ils comptaient sur moi à Louvain. Il y a un gros projet pour remonter. Le coach aussi ne voulait pas me lâcher.
Vous étiez courtisé par quels clubs ?
Il y avait Malines, Saint-Trond et le Cercle de Bruges aussi qui étaient intéressés mais comme j’ai dis. Pour partir, il faut que les deux parties soit d’accord. A ce moment là ce n’était pas le cas. J’avais aussi à cœur de faire monter le club, c’est pour cela je suis resté. C’est comme cela le football. Il faut faire des choix. J’ai fais un choix et aujourd’hui je suis bien à Louvain mais l’objectif c’est d’aller en D1.
C’est votre dernière saison en deuxième division alors…
Je ne sais pas franchement. Actuellement on est premiers et on n’a l’ambition de monter. Il ne reste pas beaucoup de matches pour remporter la tranche. On verra comment cela évolue. Je me laisse tous les choix possibles mais mon premier objectif c’est de faire la meilleure saison possible et ne pas avoir de regrets. Profitez au maximum avec les mecs avec qui je travaille depuis trois ans et faire monter le club. Mon avenir, on le verra plus tard. Travailler, donner le maximum, tu seras forcément récompensé.
Après avoir découvert l’ambiance du stade Général Mathieu Kérékou sur un match décisif contre le Togo en mars 2019 et dimanche vous allez forcément fouler la pelouse du stade Charles de Gaulle de Porto-Novo, comment sentez-vous le groupe à l’approche de ce match amical contre la Zambie.
On travaille bien, on essaye de s’adapter aux conditions. Le groupe vit bien. On travaille dur. On essaye de donner le maximum pour rendre le peuple fier. Pour moi il n’y a pas de matches amicaux. Tous les matches sont importants, à l’extérieur ou à domicile. Quand tu joues devant ton peuple, tu es obligé de donner le maximum et jouer comme si c’était une finale. Il faut rester humble et ne pas oublier d’où l’ont vient. Je pense qu’on est sur une bonne dynamique. Pour rester là-dessus, il faut continuer, il faut toujours se remettre en question. Ne pas se relâcher. Si on a perdu contre l’Algérie, si on fait une deuxième défaite. On va vite retomber. Ce n’est pas ce qu’on veut, le coach ne veut pas ça. On veut rester dans la dynamique. Grandir, match après match. Compétitions après compétitions. Montrer qu’on a le potentiel pour tenir sur la durée. Ca passe par des résultats que ce soit en match amicaux ou en compétitions officielle. Le groupe sait ce qu’il doit faire et on aura l’ambition de gagner. De toute façon joue tous les matches pour gagner. Il faut se préparer , basculer dans les qualifications et je pense que ça commence dès le match de dimanche pour avoir un bon capital confiance pour se déplacer au Nigéria et ce match important contre la Sierra Leone à la maison.
Entretien réalisé par Géraud Viwami
Crédit Photo : Géofroid Aballo