Dimanche prochain, le Togo reçoit le Bénin dans un derby ouest Africain comptant pour la deuxième journée des qualifications de la Can Cameroun 2019, notre confère togolais Steven Lavon, rédacteur en chef d’Africa Top Sports , nous présente les Éperviers Ernest le contexte du match d’un œil très togolais. Entretien.
Quand on dit Togo – Bénin vous pensez à….
Deux pays voisins qui ont quasiment tout en partage. La langue dans certaines contrées, l’art culinaire, la tradition et la capacité à faire la fête (rires). Deux nations qui se ressemblent aussi souvent dans la gestion catastrophique de leur football. Togolais, Béninois ; c’est la même famille en somme.
Depuis le retour de la Can 2017, Claude Leroy tente de renouveler progressivement les Eperviers avec des choix pas toujours compris, où en est-il ?
Toujours en reconstruction. Dans le groupe pour affronter les Ecureuils, il y a par exemple 8 locaux dont plusieurs moins de 21 ans qui étaient au Festival International espoirs. Il y a toujours cette quête du onze-type qui dure depuis 2 ans. Et on se pose des questions. En revanche, il y a toujours un noyau (10 joueurs étaient à la dernière CAN). D’ailleurs, le onze, je peux vous le donner les doigts dans le nez parce que c’est assez visible. Si surprise il y a, ce ne sera que dans les remplacements et en fonction du déroulement du match.
Quelles sont les armes de cette nouvelle version de l’équipe du Togo ?
Défensivement et offensivement, il y a de bons éléments. Tout le monde connait désormais Djene Dakonam (Getafe) passé d’ailleurs par le championnat béninois (ndlr: As Tonnerres) entre temps. Il y a aussi le grand espoir Hakim Ouro-Sama qui fait ses gammes avec la réserve de Lille et dont l’ascension ne fait que confirmer le bien qu’on pense de lui. Depuis quelques matchs, Steve Lawson (Livingston, Ecosse) semble avoir pris les clés du couloir droit.
Offensivement, y a l’indispensable Emmanuel Adebayor. Malgré ses 33 ans, il est toujours aussi important et peut encore faire basculer des matchs dans un bon et grand jour. Désormais, il se met aussi beaucoup au service du collectif. Fo Doh Laba, il lui manque encore cette régularité dans les buts mais c’est un puissant attaquant. Le « Président » Bebou qui dès son premier match a mis tout le monde d’accord. Et puis Mathieu Dossevi, un distributeur de passes automatiques (3è meilleur passeur de Ligue 1 française la saison écoulée).
A votre avis , les trois hommes à craindre dans le nid ?
Je vous le fais par ligne. Djene – Bebou – Adebayor. Y a d’autres à craindre mais comme vous avez demandé 3. Je vous laisse découvrir les autres dimanche (Rires).
Personne n’a oublié ou presque le 4-1 de Cotonou ,comme un sentiment de revanche ?
Si on le prend comme ça, j’ai peur que ça dégénère en cas de contre-performance des Eperviers dimanche à Lomé. C’est un nouveau match. Ce sont les éliminatoires de la CAN 2019, rien à avoir avec celles de 2008. Il faut des fois oublier le passé et se concentrer sur le présent pour mieux appréhender l’avenir. Le prochain match sera différent. Il faut juste aller sur le terrain pour gagner. D’ailleurs, aucun des joueurs présents aujourd’hui n’a disputé le match de ce 4-1 à Cotonou. Donc je ne vois rien de revanche là-dedans. Ils veulent venger qui ? A eux d’écrire leur propre histoire dans ce derby. Et puis ce 4-1, ce n’est pas en soit le score qui est resté dans les mémoires, ce sont les actes qui se sont déroulés dans les tribunes. Ils n’avaient pas leur place dans une enceinte de football.
Le stade municipal de Lomé peut-il contenir l’évènement ?
Sincèrement non. C’est un petit stade, à peine 12000 places avec une pelouse en synthétique en plus. Dans les deux camps, ce n’est pas une surface qui va faire plaisir aux joueurs. Mais il faut faire avec. Je comprends l’envie des Béninois de venir nombreux pousser leur équipe. Mais ce sera compliqué. Kégué, qui aurait été mieux indiqué, est en rénovation pour un bout de temps et le Togo ne dispose pas d’autres atouts en termes de stades pour accueillir un tel événement. D’où le défi des infrastructures dans notre pays.
Le meilleur résultat possible pour les Eperviers ? (Question-piège ; rires)
La victoire, rien que la victoire. Et les trois points au bout.
J’imagine qu’on parle en termes de football. Sans manquer de respect au Bénin, l’histoire parle pour le Togo dans tous les sens du terme. Plus grand nombre de participations à la CAN (avec un quart de finale en 2013), une participation à la Coupe du monde et dernière un club en phase de groupes de la Ligue des champions de la CAF. Une superstar Adebayor qui est passé dans les meilleurs clubs possibles en Europe. Sessegnonqui a fait le PSG l’a fait au mauvais moment. Y a pas photo non ? (rires). Mais aujourd’hui, les Ecureuils sont devant au classement FIFA. Je ne sais pas si ça veut dire grand chose mais ça explique quand même que le Togo a régressé ces dernières années.
Entretien réalisé avec Géraud Viwami