17 mois d’attente et enfin décision de justice plus solide que les précédentes. Quels sont les réels enjeux aujourd’hui où la crise de la Fbf a rebondi vers un dénouement ?
Aubay
Les forces pacifistes doivent entrer dans la danse pour empêcher les faucons des deux camps de s’exciter. Le football c’est la passion et cela se ressent à tous les étages en général. Le gouvernement béninois, par la voix du ministère des sports avait décidé d’interpréter la décision du tribunal arbitral du sport pour ouvrir la voie à Monsieur Anjorin et son bureau coopté.
Les mois sont passés, et voici que la justice béninoise, pas celle de Lausanne en Suisse, vient ouvrir la voie à la prise de pouvoir de Victorien Attolou. Faut-il encore manœuvrer ? Au Bénin, tout est possible. Courant 2011, le tribunal de Porto-Novo avait déjà demandé à Monsieur Attolou et son bureau de prendre service. La police a été du côté du gouvernement, évidemment, et a protégé monsieur Anjorin. Cette fois-ci, la cour d’Appel a rendu une décision très claire et sans ambages.
Attolou, un tournant historique
Je me replace dans le contexte politique du Bénin il y a 22 ans. La conférence nationale a ménagé le sortant, pour favoriser les chances de réconciliation et d’alternance au sommet de l’Etat. Mathieu Kérékou sûr d’une retraite apaisée a laissé le pouvoir pacifiquement à Nicéphore Soglo. Nous en sommes là en fait dans notre football. Sans concession, sans amnistie, on sait que les faucons du camp Anjorin vont monter la tête à ce dernier, jusqu’au bout. Faire tourner en rond le pays, prendre en otage le foot, agiter la menace Fifa…pour gagner ou perdre du temps.
Quand on a raison, c’est difficile de rester patient, mais quand on a à faire à un groupe complexe d’individus, on doit avoir du tact et de la diplomatie. C’est l’obligation du vainqueur. Victorien Attolou a pu tenir de longs mois, avec anxiété pour attendre des décisions de justice. Je pense qu’il a beaucoup appris de ces attentes-là et qu’il sait manœuvrer en bon diplomate, bon rassembleur, pour obtenir gain de cause par finir. Il est l’une des clés de ce tournant. Son comportement et ses paroles pèseront lourds. Sa modestie habituelle est une arme face à tant d’entourloupes de ses amis d’en face. Les jours peuvent être très courts ou longs, mais au bout, seule la justice et le peuple béninois doivent être clamés comme vainqueurs. Attolou est come l’ange de la paix qui a fait un combat pour le peuple, il s’est montré jusque-là très digne des béninois, patients dans la souffrance et confiant en l’avenir. Il saura, à notre avis, prendre de la hauteur pour montrer qu’on peut diriger le foot sans être roublard pour deux sous et excité pour un oui ou pour un non. Quand la justice vous donne raison, vous êtes si fort que c’est votre calme qui fait peur à vos adversaires !
Décisions de justice et obligations du gouvernement
Notre justice a parlé. Mais cela ne s’appliquera pas par lui-même. Là commence le plus dur. Au-delà du football, d’autres considérations vont-elles venir pourrir encore plus l’ambiance ? La justice, si elle est appuyée par le gouvernement, peut ne pas avoir à rendre d’autres actes, des astreintes par exemple, pour faire appliquer sa décision. Le gouvernement béninois est donc face à une nouvelle responsabilité. La première pièce maîtresse de cette responsabilité demeure le ministre des sports et sa présentation des choses au Conseil des ministres. Didier Aplogan, à ce niveau, aura un rôle important, mais surtout difficile. Etre réaliste avec ses amis de plus de 20 ans en leur expliquant que la justice est un pouvoir à part, libre, et dont les décisions sont au-dessus du gouvernement. C’est difficile, mais tenable quand on est légaliste.
Aubay