Ecarté par Gernot Rohr, depuis novembre 2023, Cèbiou Soukou n’a plus revu le maillot de la sélection béninoise. Performant en club, le joueur qui n’a pas caché son désaccord avec le sélectionneur national, qui lui continue de se passer du joueur de Umraniyespor pour des raisons à peine voilées. Les dessous du secret de polichinelle.
Victime collatérale
International béninois depuis mars 2019, Soukou avant l’arrivée de Rohr à la tête de la sélection béninoise était le meilleur passeur en activité du groupe avec 7 offrandes pas loin des 11 passes décisives records de Mouri Ogoubiyi. La relation a débuté par deux rendez-vous manqués car le joueur a été forfait pour blessure en mars et juin 2023, chaque fois après la sortie de liste du coach. Ce dernier s’est d’ailleurs passé de ces services en septembre 2023 face au Mozambique. Un premier trou d’air. Convoqué à quatre reprises par Rohr, le joueur n’a honoré effectivement que deux regroupements en octobre et novembre 2023 avec sous les ordres du nouveau technicien pour trois apparitions. Sa dernière c’était 28 minutes disputées en deux matches face à l’Afrique du Sud et Lesotho en novembre 2023 lors des deux premières journées des qualifications du Mondial 2026. Jamais titularisé sous les ordres de l’ancien coach niçois, le déclassement a fini par déboucher sur une absence prolongée et voulue depuis près d’un an désormais. Le sélectionneur a souvent tant bien que mal justifié la non convocation du natif de Bochum par son processus de rajeunissement de l’effectif. Un argument fragile car d’autres joueurs régulièrement convoqués sont de la même tranche d’âge que le joueur qui a fêté ses 32 ans le 2 octobre dernier. Ensuite, la goûte d’eau qui a fait déborder le vase a été les explications faites en conférence de presse de présentation dernier sur le niveau de jeu et les performances du joueur. Une sortie maladroite qui a été décriée par la presse locale et qui a sans doute fait craquer le concerné.
La sortie du joueur
Pour la première fois, Soukou sort du silence et poste un message sur son compte Instagram en mars 2023. Il a clairement déclaré son amour pour le maillot national mais pas que » Je porterai toujours notre maillot avec fierté et honneur mais pas avec ce sélectionneur ». a t-il déclaré. Le divorce est-il consommé définitivement ? Une déclaration qui sonne plus comme une alerte d’un coeur brisé puisque le joueur est toujours sélectionnable et à la disposition de son pays. Derrière, le joueur a eu le temps de quitter Bandirmaspor pour Umraniyespor en deuxième division turque cet été. Soukou est resté tout aussi brillant en club notamment sur ce début de saison 2024-2025 avec 2 buts et 4 passes décisives. Il est le joueur béninois le plus décisif à l’étranger. Des chiffres qui relancent forcément les débats sportifs sur sa mise à l’écart dans un contexte global où aucun offensif béninois actuellement retenu n’est aussi bon que lui en club.
Soutien du vestiaire et médiation en cours
En dehors du terrain, le management autour de la sélection nationale est à l’épreuve sur ce sujet qui est devenu épineux au fil du temps. Si Rohr demeure le patron du staff technique, il est évident que le retour de Soukou, qui compte 25 capes sous le maillot du Bénin ne dépendra pas que du terrain. Selon les dernières informations, une médiation serait envisagée en coulisses afin d’ouvrir le dialogue et trouver une fin heureuse à cette situation qui ne laisse personne insensible dans le sillage la sélection nationale. Une rencontre discrète façon Deschamps – Benzema avant l’Euro 2021 dans les tuyaux? Dans le vestiaire, le cas du joueur formé à Bochum a longtemps été évoqué par les cadres qui souhaitent tous le revoir au sein du groupe. Pour la petite histoire, Rohr avait écarté Soukou en septembre 2023 face au Mozambique avant de le rappeler sur les deux trêves suivantes après une « intervention » du vestiaire. En attendant qu’il ne revienne un jour dans les petits papiers de Rohr, alors qu’il est fortement réclamé par le public, les raisons de sa mise à l’écart ne sont plus un secret de polichinelle.
Géraud Viwami