Il devrait être entrain de se produire contre Lille à l’heure où nous étions entrain d’enregistrer cet entretien, dans les travées du stade d’Aar, Seidou Barazé (29 ans) et le Fc Schiltigheim se sont pliés à la décision de la Fédération Française de football du 12 mars dernier de suspendre toutes les activités en compétitions comme entraînements des clubs en France. Le défenseur international béninois nous a accordé un entretien exclusif dans ce contexte particulier où il parle de la crise sanitaire, son club, la Can 2019 et la vie sans le foot.
Le terrain vous manque déjà suite à la suspension de toutes les compétitions , décidée il y a quelques jours à cause de la propagation du Coronavirus?
Evidemment ! J’ai envie de jouer, d’enchaîner les matches. Mais une décision a été prise pour le bien de tous. Le club nous a annoncé qu’on avait dix jours de repos sans entraînement collectif mais chaque joueur a reçu un programme personnel à suivre pendant cette période. Je suis le mien et on verra dans les semaines à venir.
Tous les championnats sont suspendus en Europe, l’heure est grave…
C’est un peu flippant quand même. La menace est réelle. Le foot c’est une passion, notre boulot mais il y a des enjeux plus importants. La santé passe avant tout. On ne va pas se mentir, on a envie de jouer, les gens ont envie de venir au stade mais il y a trop de risques.
La Caf aussi a annoncé le report des qualifications de la Can Cameroun 2021 alors que vous étiez pressenti pour effectuer votre retour chez les Ecureuils ?
Avec les Ecureuils on a des échéances importantes à venir dans les qualifications. La Caf a décidé de ne pas prendre de risques surtout pour les joueurs qui arrivent d’Europe comme nous. C’est plutôt logique. Mais dommage pour nos supporters qui espéraient nous voir bientôt.
En parlant justement de club, le retour de Can a été compliqué pour vous ?
Pas vraiment. Avant et pendant la Can j’avais des touches assez avancées en France et des offres dans le golf. J’ai eu des discussions avec mon ancien agent de l’époque mais rien ne s’est fait. C’est le mercato , on ne décide pas de tout. Aujourd’hui, je peux avoir des regrets mais cela ne servira à rien. J’ai changé de main.J’étais toujours avec Moulins, mon ancien club, jusqu’à la trêve. Depuis janvier, ça va beaucoup mieux. J’ai retrouvé un bon groupe, la compétition à Schiltigheim. Nous sommes en plus sur une bonne dynamique, avec trois victoires sur les quatre derniers matches. On est bien remonté en milieu de tableau. Il faut bien finir la saison et j’espère retrouver un bon challenge dans les mois à venir.
« Il faut être sur le terrain pour comprendre ce que l’on ressent. »
Vous avez vécu une première Can en Egypte l’été dernier, c’était une grosse expérience ?
(Il reste silencieux, les yeux émotionnés) c’est une sensation indescriptible. Etre sélectionné, ensuite quand vous sortez du tunnel, entendre l’hymne national… Il faut être sur le terrain pour comprendre ce que l’on ressent. Rien qu’à y repenser, je frissonne encore. C’est un rêve de gosse qui se concrétise. On a vécu une aventure incroyable avec un public formidable. J’ai disputé de gros matches contre le Ghana, le Cameroun et le Sénégal, c’était de gros clients et on a été performant. C’est sans doute le meilleur souvenir de ma carrière jusqu’ici.
Contre le Maroc en huitièmes, vous étiez absent, comment avez-vous vécu ce match devenu historique de loin ?
J’étais blessé au tendon d’Achille. Je me disais que j’allais manquer le match le plus important. J’étais dans les tribunes avec Steve Mounié qui était suspendu. Les pieds me grattaient. Puis il y cette séance de tirs aux buts. Je chambrais des marocains assis à coté de moi. Quand, Saturnin Allagbé arrête le tir d’En Nesry , je ne tenais plus , je suis descendu dans le tunnel au bord du terrain.
Et quand Mama Seibou marque le tir gagnant ?
Je voulais monter sur le terrain pour célébrer mais j’ai été bloqué par le commissaire au match qui pensait que j’étais suspendu. Ensuite ils ont vérifié et m’ont laissé passer, c’était la folie…
« la région sent le foot »
Sinon, la vie en Alsace ?
C’est plutôt une ville tranquille. Il y a de la vie. Les gens aiment le foot. Sur nos matches à domicile cela se voit. Schiltigheim est connu pour ses bons parcours en coupe de France notamment, même l’année dernière, ils ont été jusqu’en trente – deuxième de finale avant de se faire éliminer par Dijon. En plus, Strasbourg, le rival est en Ligue 1, la région sent le foot. Comme vous le voyez tout se passe bien.
Alors sans le foot dans les jours à venir, vous allez faire quoi ?
(Rires) dormir. Il y a les entraînements personnels à faire. Je suis plutôt du genre à rester à la maison. Je vais regarder de nouvelles séries, comme il n’y aura pas non plus de foot à la télé. Je suis fan de NBA mais eux aussi sont suspendus. Ce sera un peu chaud quand même.
Un dernier selfie pour la route…
Entretien réalisé à Schiltigheim (France) par Géraud Viwami
Mon souhait pour toi c’est de trouver un gros contrat la saison prochaine