Avant le début du stage de préparation, ce lundi, dans le cadre du match décisif de la 6e journée des qualifications de la Can Egypte 2019 des Ecureuils contre le Togo, Steve Mounié (24 ans) nous a accordé un entretien exclusif. L’attaquant d’Huddersfield revient sur sa saison en club, son avenir et du duel du 24 mars prochain. Entretien.
Vous êtes dans une saison compliquée avec Huddersfield, dernier de Premiere League anglaise , comment vous arrivez à vous motiver dans cet épisode ?
C’est vrai que cette saison elle n’a pas été simple. On n’a pas su reproduire ce qu’on avait fait la saison dernière. Il faut savoir qu’on est Huddersfield, le petit poucet de la Première League. L’équipe avec le moins de moyens. On a réussi à le faire une saison et celle-ci malheureusement a été un peu plus compliquée. Après cela n’a pas été facile à gérer mentalement que ce soit en tant qu’attaquant ou compétiteur j’ai du mal à accepter d’être dans cette situation. Une saison avec peu de buts (ndlr : 2 buts en PL), une saison avec peu de victoires. C’est très compliqué. Au-delà de cela même si les gens ont du mal à le voir je sais que malgré tout même si le bilan comptable n’a pas suivi, même si les statistiques, les performances collectives n’ont pas suivi, je sais que j’ai énormément progressé cette saison, je suis un meilleur joueur. L’important c’est de ne pas baisser les bras, de toujours relever la tête dans les moments difficiles d’être conscient de ses qualités et sa valeur.
Personnellement avec seulement deux buts marqués l’effet de surprise de votre arrivée la saison dernière en Angleterre est dissipé…
L’effet de surprise n’a plus été pour l’équipe entière. Je ne pense pas que je n’ai pas marqué plus de buts que ça à cause du fait que les adverses me connaissent mieux. Je pense simplement que cette saison je suis dans une équipe où on a du mal à se créer des opportunités, de la différence. En tant qu’attaquant on a besoin de ses partenaires pour donner des bons ballons. Après il a fallu que je me réinvente, que je cherche des solutions, que je sorte de mon style de jeu mais malheureusement je ne peux pas faire des miracles.
Le changement d’entraîneur avec le départ de David Wagner et l’arrivée de Jan Siewert en décembre n’a pas fait plus de bien que cela ?
Le changement de coach pour l’instant n’a pas eu son effet. Cet effet qui normalement est censé galvaniser les troupes et donner un nouvel élan à l’équipe. Malheureusement pour l’instant cela n’a pas encore fonctionné, on a qu’une pauvre victoire à notre compteur. Il reste des matches pour changer la donne et on va essayer de donner le maximum. On se bat avec nos armes. Le changement de coach à a été très compliqué à vivre pour la plus part des joueurs. On portait tous l’ancien manager près du cœur. C’est quelqu’un qui nous a tous fait venir en PL, ramener en PL pour ceux qui était là au club. C’est grâce à lui et aux autres que le club en est là. C’est grâce à lui que j’ai signé en PL. Je le remercierai toujours. Il m’a fait progresser en tant que joueur
Le mardi 26 février vous avez d’ailleurs offert cette victoire dont vous parlez en toute fin de match, ce genre de moment font toujours du bien …
C’est toujours de grandes émotions. On joue au foot pour ce genre de moment. Un but à la dernière minute qui permet à votre équipe de remporter le match. Ça fait toujours son effet même si vous êtes dernier. J’étais content de ramener la victoire à mon équipe, de donner la joie aux fans, mes coéquipiers et au staff. J’espère pouvoir reproduire ce genre de performance en équipe nationale. Si cela peut déjà être lors du prochain match face au Togo, j’aimerais revivre ce genre de moment avec le peuple béninois.
« monter que le Bénin à des ressources et de l’avenir avec sa jeunesse »
D’ailleurs débutez ce lundi, le stage de préparation du match contre le Togo à domicile dans quel état d’esprit allez-vous aborder ce derby ?
C’est toujours une fierté de représenter les couleurs du Bénin. On sait que ce match face au Togo va être crucial. C’est une finale chez nous. Il va falloir gérer ce match comme des hommes, comme des footballeurs professionnels matures. Ne pas faire n’importe quoi. On a déjà nos fantômes du passé comme ce match face au Mali où on avait subi cette lourde défaite. Avec une meilleure gestion cela aurait pu se passer autrement. Il faut que ces expériences nous servent. Il va falloir le soutien de tout le peuple. Il va falloir une ambiance de feu au stade pour nous galvaniser.
En l’absence de Stéphane Sèssegnon et Michael Poté, vous êtes attendus pour endosser le rôle du leader d’attaque ?
C’est vrai que ces absences redistribuent les rôles au sein de l’équipe. On connait leur importance dans l’expérience dans la gestion des matches. Il va falloir que l’on prenne la relève. On sait qu’ils ne seront pas éternels. Ce match est une bonne occasion pour monter que le Bénin à des ressources et de l’avenir avec sa jeunesse.
Vous rêvez d’une première Can…
Bien sûre que c’est un rêve, un objectif aussi. On a envie de rendre fier le peuple béninois. De porter haut les couleurs du Bénin à l’échelle continentale. C’est pour cela qu’on joue pour le Bénin. Tout ce que nous voulons c’est rendre fier le peuple béninois en se qualifiant. On sait que cela fera beaucoup d’heureux et cela donnera beaucoup d’espoir à tout le monde. Ça donnera plus d’envie de nous soutenir. C’est très important. On va tout donner.
« Avec le douzième homme on est capable de grandes choses »
Dites-nous, en cas descente probable, vous avez déjà imaginé la saison prochaine, jouer en Champîonship ou rester en PL ailleurs, vous avez une priorité ?
J’ai encore deux ans de contrat. C’est vrai que l’idée de jouer en Championship n’est pas ma priorité, si je peux rester en PL, je ferai tout pour. Mais dans la vie il faut savoir respecter les contrats aussi donc je ne sais pas ce qui adviendra à la fin de la saison. Mais je suis prêt à relever tous les défis. L’objectif c’est de rester en PL.
On a appris il y a quelques jours que vous avez envoyés votre maillot à un étudiant béninois en France qui se fait moquer par ses amis sur les footballeurs béninois…
C’est vrai ! Il m’avait écrit il y a un moment sur mon compte Instagram. Il m’a dit qu’il se faisait chambrer par ses camarades qui lui disait qu’il y avait aucun joueur béninois connu et qu’on ne pouvait même pas acheter un maillot d’un joueur béninois dans un magasin. Du coup cela m’as touché et je me suis dit je suis fière d’être béninois. Je ne peux pas accepter qu’on chambre un compatriote. J’avais la possibilité de faire ce geste et je l’ai fait avec plaisir. Ce n’est pas la première fois que je fais cela d’ailleurs. J’en ai envoyé à d’autres aussi. Je le fais assez régulièrement si je peux faire plaisir à des gens je le fais. Encore plus quand il s’agit des béninois je le fais. On est en Europe on sait à quel point c’est dur, le froid, les baisses de moral si je peux relever un peu celui d’un compatriote qui se fait chambrer c’est avec plaisir.
On a aussi vu un supporter anglais célébrer votre but contre Wolverhampton avec un drapeau du Bénin …
Il faut savoir qu’il y a une famille anglaise qui a chaque match à domicile brandit le drapeau du Bénin. C’est tellement une fierté de voir le drapeau dans le stade, je suis parmi l’un des seuls drapeaux à être représenté dans le stade à chaque match. Ce n’est pas même des africains, c’est des anglais qui m’apprécient et le pays aussi. C’est un geste qu’ils font à chaque match à domicile et c’est magnifique. Je les remercie à chaque en leur donnant des maillots. C’est très beau.
Pour finir…
Un dernier message à tout le peuple béninois, j’espère que vous serez nombreux le dimanche 24 mars, on a besoin du soutien du peuple de la chaleur. Avec le douzième homme on est capable de grandes choses, on l’a déjà montré contre l’Algérie. Je suis sure qu’on peut reproduire ce genre de performance surtout à la maison.
Entretien réalisé par Géraud Viwami