Avant la réception du Real Madrid ce mardi, l’unique buteur de l’APOEL Nicosie cette saison en C1 se nomme Mickael Poté (2 buts). Parti du National pour gravir les échelons jusqu’à la Ligue 1, il s’est ensuite exilé en Allemagne puis en Turquie. A 33 ans, il s’éclate à Chypre et découvre la Ligue des champions…
Du National à la Ligue 1
Originaire de Lyon, Mickaël Poté choisit de faire ses armes au centre de formation de Grenoble, y passant quatre ans en compagnie notamment d’Henri Bedimo. Dans la capitale iséroise, l’apprenti de 19 ans goûte à ses premières minutes de jeu en Ligue 2 en 2003-2004, en entrant sur trois bouts de matches. Mais le club ne souhaitant pas le faire passer professionnel, l’attaquant part acquérir du temps de jeu en National à Cannes à l’été 2004. Ses deux premières saisons sur la Côte d’Azur présentent un bilan mitigé : 20 matches disputés, pour seulement cinq titularisations et aucun but inscrit. La troisième est celle de l’éclosion : neuf buts marqués en trente-deux apparitions sous les ordres de Michel Dussuyer, que le Béninois retrouvera ensuite en sélection pour honorer sa première sous le maillot des Ecureuils (après plusieurs apparitions dans les sélections de jeunes de la Côte d’Ivoire, pays d’origine de son père).
La belle histoire avec Didier Ollé-Nicolle
«Je l’ai chopé sur un terrain en National et on s’est suivi en Ligue 2, en Ligue 1 et même au niveau international…»
C’est à 21 ans que Mickaël Poté fait une rencontre qui va déterminer la suite de sa carrière, avec Didier Ollé-Nicolle. «À l’époque (2005), j’entraînais Nîmes et Mickaël était venu faire un essai chez nous, explique l’actuel coach d’Orléans. Je l’aurais bien pris à ce moment-là car je cherchais un garçon avec un profil athlétique. Mais mon président n’a pas voulu conclure l’affaire. La saison d’après j’ai pris la tête de Clermont, on est monté du National à la Ligue 2, et à quatre journées de la fin on jouait à Cannes (0-4). Je l’avais suivi sur la saison car je souhaitais recruter des jeunes joueurs de National. Et dès la fin du match, je l’ai croisé sur le terrain et je lui ai fait part de mon intérêt : « Si tu es intéressé par notre projet, je te donne rendez-vous en début de semaine ? Sois lundi à Clermont pour qu’on en discute ». Il est monté le lundi et on s’est vite mis d’accord».
Poté en Auvergne : la recette a pris rapidement. Un but décisif face à Brest (1-0), lors de la 4e journée en août 2007, suivi de quatre autres pour une saison pleine (36 matches). La suivante est encore meilleure, moins de rencontres (32) mais plus de buts (7). Plus aguerri du haut de ses 25 ans, il suit alors son mentor à Nice. «Il avait envie de me suivre et de voir comment il était capable de s’adapter à la Ligue 1. Et l’histoire s’est perpétué quand j’ai pris bien plus tard l’équipe nationale du Bénin, je l’ai eu sous mes ordres pendant deux ans», ajoute le technicien français, toujours en contact avec son poulain et qui conclut avec fierté : «C’est parti de rien, je l’ai chopé sur un terrain en National et on s’est suivi en Ligue 2, en Ligue 1 et même au niveau international…»
Obligé de faire l’ascenseur pour jouer
Malgré sa relation avec Ollé-Nicolle, Poté doit se contenter d’un rôle de remplaçant à Nice, barré notamment par Loïc Rémy. Il parvient tout de même à marquer un doublé en vingt-cinq minutes contre Boulogne-sur-mer, pour empêcher une défaite douloureuse aux Aiglons, qui pointaient à la seizième place. Contrairement à son coach, débarqué en mars 2010, il poursuit l’aventure niçoise jusqu’en janvier 2011. Prêté à l’échelon inférieur au Mans, Poté joue une demi-saison complète, avec trois buts marqués dont un lors de la dernière journée face à Nantes (3-2). Insuffisant pour faire remonter les Sarthois, qui échouent à cause de leur différence de buts…
Des buts dans des Championnats «mineurs»
Revenu à Nice en août 2011, le joueur n’a pas le temps de défaire ses bagages qu’il signe dans la foulée en Allemagne, au Dynamo Dresde, club historique de l’ancienne RDA. C’est le début d’un voyage atypique à travers l’Europe pour celui qui a longtemps regretté de ne pas avoir réussi en France. En deuxième division allemande, Mickaël Poté s’épanouit (enfin) dans un rôle axial : 12 buts en 27 apparitions pour sa saison la plus aboutie à 27 ans. Il se signale notamment en réalisant un triplé face à Munich 1860, devant près de 40 000 spectateurs.
Les deux années suivantes sont beaucoup plus difficiles sur le plan des résultats. Sauvé in extremis de la relégation au printemps 2013, le Dynamo n’y échappe l’année suivante. Poté doit une fois de plus chercher à rebondir, et tente le pari de Chypre, qu’il aurait déjà pu rejoindre en signant en 2011 à l’Apollon Limassol, entraîné par un certain Didier Ollé-Nicolle. Il atterrit donc finalement à l’Omonia Nicosie, où il accroche une troisième place et devient meilleur buteur du Championnat (17 réalisations). Pourtant, à l’été 2015 le Béninois n’est pas conservé et tente alors de se relancer en deuxième division turque, à Adana Demirspor. Un choix gagnant, avec deux saisons à 20 et 24 buts et deux titres de meilleur buteur.
La consécration avec l’APOEL
L’été dernier, Mickaël Poté retrouve Nicosie, cette fois sous les couleurs de l’APOEL, pour enfin éclore au plus haut niveau, à 33 ans. Avec le club le plus titré du pays, il carbure en Championnat (cinq buts en huit matches) et se fait un nom sur la scène européenne. Après sept petites minutes contre le Real Madrid à l’aller pour ressentir l’atmosphère de Santiago Bernabeu (0-3), Poté saisit sa chance face au Borussia Dortmund (1-1). Entré à la demi-heure de jeu, Poté ouvre le score à la surprise générale, avant de récidiver au Signal Iguna Park il y a trois semaines, en inscrivant le but égalisateur (1-1). Resté muet vendredi pour le derby de Nicosie (3-1), l’attaquant béninois visera ce mardi face au Real Madrid un troisième but d’affilée en Ligue des champions. Incroyable mais vrai…
Source : Corentin Corger de FranceFootball