Après une campagne 2017 manquée au Gabon lors de la Can, la Côte d’ivoire, l’Algérie et le Ghana ont changé de sélectionneur, des choix de grandes importances pour des nations appelées à jouer les premiers rôles lors des qualifications du Mondial Russie 2018 et de la Can Cameroun 2019. Voici notre deuxième sujet consacré au retour de James Kwesi Appiah (56 ans) à la tête des Blacks Stars du Ghana.
L’improbable come back
Un coup franc magistral d’Alain Traoré en pleine lucarne a scellé le sort du Ghana un soir de février 2017 à Port-Gentil, vice-champion en titre, le Ghana laisse filer la médaille de bronze face à de valeureux burkinabés. Pourtant le Ghana d’Avram Grant faisait office de favori après un premier tour de haute volée. L’échec en demie face au Cameroun futur champion n’a pas été digéré dans un pays à la recherche d’un nouveau sacre depuis 1982 . Le technicien israélien après deux ans d’exercice est débarqué à la fin du tournoi.
La fédération se lance à la recherche d’un nouveau sélectionneur. 132 candidatures ont été déposées. Une shorlist de trois noms sera retenu. Le français, Willy Sagnol , l’allemand Winfried Schaffer et Kwesi Appiah étaient en course. Et c’est ce dernier qui sera nommé en avril dernier. Un retour aux sources pour le sélectionneur qui avait déjà eu les rênes de la sélection (2012-2014). Demi-finaliste de la Can 2013 et éliminé au premier tour au Mondial 2014 , il avait quitté son poste au retour du Brésil et sera remplacé par Grant. Il pose ses valises quelques mois plus tard au bord du Nil chez les soudanais d’Al Khartoum SC. Sous ses ordres le club termine 4e en 2015 et 5e en 2016.
Mais la fibre patriotique ne s’est jamais ramollit chez l’ancien arrière gauche d’Asante Kotoko qui a passé ses diplômes d’entraîneur en Angleterre à Liverpool et Manchester City. International ghanéen pendant dix années (1983-1993) , il a même été capitaine de la sélection nationale. Il retrouve son jardin où son bail a officiellement démarré le 1er mai dernier. Intérimaire entre septembre 2010 et janvier 2011 puis nommé comme numéro un d’Avril 2012 à Septembre 2014. Qui d’autre connaissait mieux la maison que lui ?
Héros local
James Kwesi Appiah était de la génération 92, celle qui a perdu en finale la Can à Dakar face à la Côte d’ivoire. Il sait combien le peuple ghanéen attend son cinquième titre continental. En 2013 en Afrique du Sud, il a été stoppé en demie par la Zambie, futur vainqueur de la compétition. Quelques mois plus tard au Mondial Brésil 2014, il n’a pas pu passer le premier dans un groupe très relevé avec le Portugal, les USA et l’Allemagne, futur championne du Monde. On se souvient tous de cette prestation mémorable mais insuffisante des ghanéens face à la Manschafft. Quand on a été quart de finaliste deux fois d’affilée en Allemagne 2006, puis en Afrique du Sud en 2010 avec la fin que l’on connait, tomber au premier tour était un échec. Et il en a payé le prix. Pour ce deuxième mandat il est attendu sur deux tableaux majeurs en commençant par les qualifications. Celle de la Can Cameroun 2019, qui débute le mois prochain avec un déplacement en Ethiopie. Avec des adversaires exclusivement anglophones comme Sierra Leone et le Kenya ce ne sera pas une partie de plaisir mais ce groupe F n’a rien d’effrayant pour le Ghana. La seconde bataille , celle de Russie a été entamé timidement par son prédécesseur qui a récolté un petit point en deux rencontres. La suite sera très disputée. Après avoir concédé un triste nul vierge face à l’Ouganda à domicile en octobre dernier, ils ont eu la mauvaise idée d’aller s’incliner (2-0) à l’extérieur face à l’Egypte, future vice-championne d’Afrique. Mal embarqué, en Août ils recevront le Congo pour le compte de la troisième journée et sont déjà condamnés à gagner pour espérer dans ce groupe E qui attire déjà les regards.
Premier coach africain à avoir qualifié le Ghana pour une coupe du monde en 2014 en infligeant une gifle monumentale 6-1 à l’Egypte lors du dernier tour; il est un héros national. Et on attend de lui qu’il fasse autant. Appiah va rouler sur un terrain connu mais avec des obstacles nouveaux.
Nouvelle génération à bâtir
Le Ghana a l’un des meilleurs systèmes de formation et d’exportation de talents en Afrique et donc un important vivier de joueurs sélectionnables évoluant à un bon niveau en Europe notamment. Appiah aura forcément des problèmes de riches et ses choix seront scrutés. Si des cadres comme le capitaine Asamoh Gyan (31 ans) joueur le plus capé de l’histoire et meilleur buteur de la sélection, André Ayew (27 ans) et John Boye (30) conserveront leur statut. Certains jeunes ont marqué des points lors de la dernière Can et on le voit mal se passer de leur service, les milieux polyvalent, Thomas Partey (22 ans) et Daniel Amartey (23 ans) ont clairement changé de statut aux yeux tous. Au delà des choix d’homme, Appiah devra bâtir une équipe conquérante et respectée comme les ghanéens aiment. Vainqueur des Jeux Africains en 2011 à la tête des U23, il sait ce que représente un titre continental au pays. Le round 2 est bien lancé.
Géraud Viwami