A 3 mois du premier match des Ecureuils du Bénin comptant pour les éliminatoires de la Can 2017, le ministre de la jeunesse, sports, et loisirs a déclenché un ensemble d’actions médiatiques contre la fédération béninoise de football. Décryptage d’un clash.
La gestion de la fédération est directement mise en cause par Safiou Affo dans ses différentes sorties médiatiques depuis un mois. Le langage est frontal et la démarche n’a rien de policée. Elle est clairement déstabilisante pour la Fédération béninoise de football. Un temps le ministre a cru à la réconciliation des acteurs du football. Voici venue peut-être l’heure de la désillusion. Quand le président de la Fbf s’arrangeait pour que le titre de champion soit attribué aux Buffles afin de ménager les décideurs politiques, le ministre Affo a dû applaudir. Les mois sont passés et d’autres paramètres ont repris leurs droits.
Politique ?
Pendant de longs mois, Safiou Affo a ménagé la Fbf. Pourquoi déclencher aujourd’hui une série d’actions dans les médias ? Politique ? Peut-être.
Augustin Ahouanvoébla a-t-il tourné dos à la majorité présidentielle dans la confection de la liste électorale informatisée ? Lui, le vice-président de la commission chargée de réaliser une nouvelle liste électorale ? Peut-être.
Au Bénin on sait tout mélanger ou tout analyser de façon transversale. Le paramètre politique est donc important, pas essentiel dans notre analyse. Il y a 3 mois, le président de la fédération de football était intouchable. Peu critiqué et même pressenti au gouvernement. Mais la période électorale choisie par le ministre Affo est-elle juste une coïncidence ? On se pose des questions. Entre deux camps, on peut toujours se lancer quelques pics à la veille des élections…
Ollé-Nicolle, la goutte qui fait déborder le vase…
L’Etat béninois paye les entraîneurs, mais c’est la fédération qui signerait les contrats. L’expérience a été tentée avec Manuel Amoros. L’Etat acceptant verser sa subvention et laisser à la fédération le choix du sélectionneur. Si Ollé-Nicolle a été relevé de ses fonctions par le Ministère des sports, il reste, selon la Fbf (du moins en façade), le sélectionneur des Ecureuils du Bénin. Le français viré par le ministre sans consulter la Fbf est comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Safiou Affo a pris le risque de vexer la plus puissante fédération sportive. Il a certainement préservé les intérêts financiers, mais il a agi de façon unilatérale.
En courroux parce qu’écarté du choix du sélectionneur ?
En réaction à cette décision du ministre des sports, la Fbf s’est braquée. Pour le futur sélectionneur, elle a décidé de lancer une nouvelle procédure de candidatures. Seulement voilà, Safiou Affo aurait aimé que ce soit un béninois. Et pourquoi pas quelqu’un dont il aurait déjà coché le nom. Sauf qu’à la Fbf, on lui a clairement signifié que le choix du sélectionneur ne relève pas de ses compétences. Le ministre veut-il se venger parce que la fédération a décidé de ne pas faire un choix identique au sien ? On en est convaincu dans les milieux proches de la Fbf.
Safiou Affo, comme nombre de ses prédécesseurs, ne passe-t-il pas trop de temps à parler du football ? Il est vrai que les fonds importants alloués à la fédération béninoise de football et gérés par les services du ministère des sports peuvent rendre fous n’importe quel ministre. Copain ou ennemi des présidents de la Fbf, les ministres sont souvent dans les extrêmes.
Si tout le monde sait que les fédérations de football en Afrique sont intouchables, car surprotégés par la Fifa, le ministre Affo a certainement encore du mal à comprendre qu’à la veille des élections à la fédération internationale, il ne peut que perdre son bras de fer avec la Fbf. Ses tapages médiatiques répétés ne sauraient vraiment résoudre les problèmes profonds du football béninois.
Il va falloir voler plus haut, monsieur le ministre…
Aubay-Rolland ZOHOUN