Nous l’avons évoqué brièvement hier dans nos colonnes. Mais vue l’importance que prend le football professionnel béninois et dans une situation de crise institutionnelle entre l’Etat et la fédération béninoise de football à travers son président, nous nous penchons plus amplement sur la question.
Aubay
Les clubs feront-ils face sur le plan budgétaire ?
Valère Glèlè, président de Tonnerres Fc n’hésite pas à dire à qui veut l’entendre que la masse salariale de son club est de 6 millions de francs Cfa par mois. S’il en reste à 10 mois d’activités, notons que cela amène le club à environ 60 millions par an, sans compter la logistique. Ce n’est pas le plus gros budget. Il faut voir du côté de l’Aspac et du Cifas pour avoir les plus gros chiffres. Le primer est la propriété du Port Autonome de Cotonou, société la plus riche du Bénin. Le second appartient à Sébastien Ajavon et son empire Cajaf Comon. Ces deux clubs payent 12 mois sur 12. Si l’Aspac se situe à plus de 120 millions de francs Cfa pour le championnat (sans compter la ligue des champions et la coupe Ufoa), il a aussi des salaires nivelés. Pas de stars. Tous au même taux ou presque : 105.000 francs Cfa pour un effectif avoisinant 25 joueurs, le reste étant payé en dessous du montant standard. Au Cifas, la différence se situe au niveau des catégories. Les joueurs formés au club coûtent évidemment moins chers que les grosse pointues comme Bézo Yaovi ou encore Natabi Traoré. L’autre particularité reste la prime de présence. Elle est invariable et indépendante du résultat du match. Chaque convocation pour un match donne au joueur le droit d’empocher cette prime inédite. Le Mogas 90 de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers est aussi un « monstre financier » en matière de dépenses pour le football. Le budget est aussi au-delà des 80 millions annuels. Ce sont des Grandes entreprises. Selon la classification en vigueur au niveau des impôts, car ayant un chiffre d’affaires supérieur à 80 millions de Francs Cfa.
Voilà les cas des clubs les plus riches. Avec des budgets moins importants, mais toujours aussi colossaux. Avrankou Omnisports, Soleil Fc et la jeunesse athlétique de Pobè, malgré des masses salariales non conformes (10.000 francs minimum), ont des budgets dépassant les 20 millions annuels. Au niveau de la direction des impôts, on vous dira que ce sont des petites entreprises.
Corrélation entre moyens et qualité du jeu
Voilà une cartographie non exhaustive, qui nous amène à répondre à une question simple : Les clubs feront-ils face sur le plan budgétaire ? La réponse est non. Sans subventions conséquentes et sans sponsors sérieux, le système va s’effondrer. L’asphyxie sera financière. Malgré les apparences, la qualité du jeu va en pâtir, car des joueurs mal payés, sont souvent mal soignés et mal entraînés, ce qui donne un spectacle de piètre qualité.
Les sources de revenus : les sponsors réticents
(Le foot sur liste noire ?)
Mtn a essayé de soutenir le foot béninois en injectant 300 millions (2008 à 2010). Le résultat est que les fonds n’ont pas servi à grand-chose. La Justice enquête sur l’affaire et le nom de la marque est cité à tout bout de champ. C’est dommage. Moov s’est arraché pour 325 millions la Ligue1 professionnelle : l’aventure n’est pas allée à terme.
Alors, dites-nous si les des sponsors sérieux iront encore au football béninois ? Le doute est entier. Aucun sponsor ne se risquera au-delà des 80 millions, pour les plus cléments. Mais si avec 125 millions de francs Cfa, 14 clubs avaient du mal à joindre les deux bouts, que faire à 16 avec moins d’argent ? Gérer la pénurie ! Voilà comment on va droit dans le mur.
Décision populiste et politique qui va tuer la qualité
(La crème va fondre)
Ils avaient annoncé la mort du football professionnel. Face aux pressions des clubs, d’une part, et aux ambitions de Valère Glèlè d’autre part, ils ont décidé de faire autrement. La mort programmée du foot professionnel se fera autrement donc : par l’asphyxie financière et la baisse du niveau.
Au Qatar et en Suisse, on joue avec 10 clubs. Et pourtant, ces pays ont un PIB moyen par habitant très élevé, bien loin de celui du Bénin. Le foot professionnel est une affaire de moyens, pas de populations.
En réduisant l’élite, vous avez de la chance de retrouver la crème des crèmes au sein de ce creuset de grande qualité. Ainsi, l’organisation du football dans chaque pays obéit à la loi des pyramides. La base est large : les clubs amateurs font en général 4 à 8 fois le nombre des clubs pros. Et plus on monte vers l’élite, moins il y a de clubs. La France avec ses 64 millions d’habitants réfléchit même à revenir à une Ligue1 à 18 clubs plutôt que 20. Le Bénin est à contresens et il est bien inutile de le dire…
Aubay
Pays | Nbre de clubs en | Populations | PIB (en dollars) |
Qatar | 12 | 1.696.563 | 74.422 |
Bahreïn | 10 | 1.234.569 | 19.641 |
Oman | 12 | 2.694.094 | 18.040 |
Chypre | 14 | 1.300.000 | 27.722 |
Irlande | 10 | 4.670.976 | 45.642 |
Luxembourg | 14 | 503.302 | 104.390 |
Suisse | 10 | 7.785.806 | 67.074 |
Bénin | 14 à 16 | 9.500.000 | 673 |
Tableau comparatif des PIB par habitant avec le nombre de clubs en Ligue1
Pays | Nbre de clubs en | Populations | PIB (en dollars) |
Qatar | 12 | 1.696.563 | 74.422 |
Bahreïn | 10 | 1.234.569 | 19.641 |
Oman | 12 | 2.694.094 | 18.040 |
Chypre | 14 | 1.300.000 | 27.722 |
Irlande | 10 | 4.670.976 | 45.642 |
Luxembourg | 14 | 503.302 | 104.390 |
Suisse | 10 | 7.785.806 | 67.074 |
Bénin | 14 à 16 | 9.500.000 | 673 |