Zone Afrique : Si le TP Mazembe peut, nous pouvons
Au centre de l’Afrique, ils sont aussi au cœur de l’actualité depuis plus d’une dizaine d’années. La guerre qui n’ose pas dire son nom mais qui fait chaque jour des dizaines de morts dans la quasi-indifférence générale. La RD Congo est un des grands malades de l’Afrique. Il ne suffit pas de dire que son sous-sol est riche, très riche. Qu’a-t-on fait de ces richesses ?
La plus belle pépite de ces dernières années n’est pas sortie du sol, mais est due à l’imagination et à l’argent d’un homme, Moïse Katumbi, gouverneur de la province du Katanga qui est la grande dépositaire des minerais les plus rentables. Et cette pépite, c’est le Tout Puissant Mazembe, connu autrefois sous l’appellation Englebert du nom du célèbre manufacturier de pneumatiques qui finançait l’équipe.
A Lubumbashi, le succès, ou plutôt le doublé du Tp Mazembé en ligue africaine des champions 2009 et 2010 a sonné comme un réveil. Une révolution de rose. Dans une Afrique où le football se hisse au rang de religion populaire, les performances régulières du Tp Mazembé s’inscrivent en lettres d’or. Au lendemain du sacre de la Rd Congo lors du premier Championnat d’Afrique des nations début 2009, le club de Lubumbashi a maintenu le pays au sous-sol paradisiaque, dans le firmament du football continental. Il s’agit du plus spectaculaire retour au premier plan d’un club qui avait végété depuis les années glorieuses du TP Englebert, première équipe à avoir remporté deux fois le titre de champion d’Afrique, première équipe à disputer quatre finales consécutives. Et puis ce fut le trou ou presque quatre décennies durant
Cette réussite prend tout sens dans un contexte de conflits, de viols, de réfugiés, bref d’instabilité. Avec cette fonction politique et une vocation de club populaire, on espère une meilleure pérennité au Tp Mazembé au sommet du football africain, bien que le football soit une activité fragile.
Tout repose sur le projet et une continuité dans la mise en œuvre de véritables structures. Il ne faut pas chercher ailleurs la grande différence entre les grands clubs du Nord et les clubs des pays subsahariens. En Afrique noire, il y a des générations de dirigeants et de joueurs qui offrent à un moment donné à leurs clubs, des titres et la gloire. Sans aller au-delà de l’instant, au-delà des primes et des médailles. C’est, hélas le plus fréquemment, le triste lot des hommes du Sud à la merci d’un revers de fortune ou d’un désamour du public. Le héros de la veille est souvent le premier haï du lendemain. Ici, plus qu’ailleurs, on vit dans l’instant sans se soucier de l’avenir
Bâtir un projet sur le long terme afin de montrer la voie à tout un continent. Telle est la base de la problématique qui s’offre au Tp Mazembé. Les infrastructures mises en place ces derniers mois dressent le lit d’un projet ambitieux qui peut réveiller l’ensemble des clubs du Sud. Le Tp Mazembé peut servir de référence, de modèle, à condition de maintenir le cap et d’avoir constamment en tête que chaque jour, il remet sa notoriété en jeu, que les victoires d’hier ne sont pas garantes des victoires d’aujourd’hui et que le public, impitoyable, pardonne rarement les échecs quand ils se présentent, si grand soit le club qu’il a chéri la veille.
Aubay