Au son des paroles ou des pleurs de ses deux enfants (2 ans pour l’aîné, et 6 mois pour le deuxième), l’un des gardiens de but des Ecureuils lors de la dernière coupe des nations évoque son actualité. Entre les transferts reportés et son éviction de la sélection, Yoann Djidonou nous parle, à cœur ouvert.
Réalisé par Aubay-Rolland ZOHOUN
On a appris il y a quelques semaines que vous vous êtes engagé au Racing Levallois. Que s’est-il passé ?
J’ai quitté Libourne suite à la décision de la Dncg (Ndlr : direction nationale de contrôle de gestion) de rétrograder le club en Cfa2. Pour moi, c’est beaucoup moins intéressant de jouer en Cfa2, car je cherchais un challenge. J’étais en négociation avec des clubs étrangers au Qatar et en Belgique, et des clubs français de National. Je pensais que cela allait se faire rapidement, mais ça a mis du temps. Les mois sont passés et il fallait absolument jouer pour garder la forme. Il est arrivé un moment où le Racing m’a appelé pour m’engager avec eux, et après, si j’ai quelque chose dans l’année, je pourrais partir. C’est un deal qui est plus que correct. Je joue, j’ai un club, je suis vu et je ne suis pas dans la nature. Ce qui est une bonne chose, car certains contrats ne devraient plus trop tarder.
Quelques mois après une coupe des nations, et plusieurs années passées régulièrement en sélection, comment vit-on le fait de se retrouver sans club et d’être contraint à évoluer à un niveau plus bas ?
Ce n’est pas facile, il faut être entouré d sa famille et des amis pour ne pas douter de ses qualités et de soi-même. Si tu doutes, tu ne reviens pas. C’est vrai que Cfa2, c’est encore un ton en dessous de la Cfa. J’espère que c’est pour une petite période… Et je sincèrement je pense que d’ici trois à quatre mois, on ira plus haut.
Dans la foulée de ses soucis de transferts, il y a eu des changements au niveau de la sélection béninoise. Le nouveau sélectionneur, avez-vous été en contact avec lui ?
Il m’a appelé après le match du Burundi pour me donner son point de vue vis-à-vis de ma situation et de la sélection. On a un peu discuté. Je sais ce qu’il pense de moi, et c’est plutôt prometteur. J’attends de voir la liste contre la Côte d’Ivoire. Je compte être sur le terrain en tant que N°1. Je n’ai pas oublié la sélection. C’est vrai qu’aujourd’hui, ma priorité reste de trouver un club intéressant. Mais je n’ai pas oublié la sélection, et je compte bien revenir en tant que numéro1.
C’est vrai que vous n’avez pas été cités parmi les indésirables…Mais quels sentiments a-t-on quand on passe dans la pénombre de la sélection après avoir passé quatre années quasi-régulière dans le groupe ?
C’est une frustration, et un petit manque de respect pour moi, car pendant quatre ou cinq ans, il y a eu de bons résultats. Et cela, je ne le dis pas que pour moi. Ce fut le travail de tout un groupe. Je pense avoir participé à l’exposition médiatique des Ecureuils au niveau de la scène internationale. Je n’ai eu aucun dirigeant pour me dire ce qui se passait, à part Nobilo. J’ai appris certaines choses comme quoi certains gardiens sont numéro1 désormais. C’est bien pour la concurrence. Mais il faudrait avoir du respect pour les gens qui étaient là avant et ont fait des choses pour le Bénin. Il y a par exemple Mouri qui n’est pas appelé, comme plusieurs autres. Je ne comprends pas pourquoi. C’est vrai que moi, je ne suis pas banni. Je vais revenir.
Aujourd’hui on est à la fin d’une autre Can. Le Bénin avec quatre points en 2 matches peut s’attendre à une rude épreuve. Quelle analyse faites-vous de la situation ?
J’ai suivi le match du Burundi, mais pour celui du Rwanda je jouais un match en même temps. Je crois que face au Burundi, 1-1 à domicile, c’était une vraie contre-performance, surtout qu’il y a un an de cela, on battait le Ghana…J’ai eu les gars au téléphone et ils étaient très déçus, maintenant, ils ont su relever la tête contre le Rwanda. Pour la suite, il faut se relancer sera de prendre au moins trois points contre la Côte d’Ivoire. J’espère que tout le monde sera là.
La Côte d’Ivoire en double confrontation dans un schéma où il faut être leader ou meilleur deuxième. Au-delà du patriotisme, pensez-vous que nous irons à cette Can ?
Je n’ai pas encore vu comment ça se passe surplace. Je ne peux pas répondre exactement. Avec l’équipe que je connais, les joueurs que je connais et leurs qualités, on peut rivaliser avec les ivoiriens, et leur faire peur. Sur le terrain, ce sera 11 contre 11. Tout est possible. C’est vrai qu’il faut qu’on mette les chances de notre côté et je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui, tout est fait ou que toutes les chances sont réunies pour qu’on puisse avoir de meilleurs résultats. J’espère que tout le monde tirera vers le haut les Ecureuils, au niveau des dirigeants, des supporters et des joueurs.
Dix mois après la coupe des nations, avec le recul sur les événements passés, quel enseignements tirez-vous ?
Je ne sais pas trop…On étaient dans une bulle. On étaient dans notre compétition. C’est pour cela que je dis que j’ai été surpris par la décision de dissolution. Après, chacun dans son club est passé à autre chose. Après deux ou tris ans de continuité, tout le travail a été cassé. C’est dommage. Et cette situation n’est pas un manque de respect par rapport à ma personne, mais surtout par rapport à la façon de faire les choses, et la façon de communiquer. Et quand on m’annonce sur une liste que je suis sélectionné et que deux jours après, sans que personne ne m’informe, j’apprends par les médias que je ne suis plus retenu…je trouve que cela manque de respect. Ce n’est pas parce qu’on m’a enlevé, mais parce qu’on ne m’a pas prévenu.
Je ne sais pourquoi c’est comme cela. Si c’est de la précipitation ou un manque d’organisation, mais une fois encore, je ne peux le dire. Je ne suis pas surplace, et quand j’y serai, on verra.
Réalisé par Aubay-Rolland ZOHOUN