Faciles fusibles face à des présidents « incompétents » en la matière, car n’ayant jamais reçu de formation et étant peu informés de la gestion des clubs de foot, les entraîneurs sont souvent virés sans que les résultats ne soient pour autant meilleurs par la suite. Les structures et les recrutements sont en cause.
Aubay
Les textes exigent qu’un entraîneur ait un diplôme de 3e degré allemand avant de s’asseoir sur un banc de touche d’une équipe de ligue1 au Bénin. En général, dans l’appareil des clubs, c’est le seul cadre qualifié dans le domaine. Tout le reste se compose de personnages d’horizons divers qui connaissent du foot ce qu’ils en voient à la télé ou sur les stades. Ces personnages importants qui entourent les présidents de clubs sont les vrais décideurs. Dans un système où la réelle connaissance des enjeux et équilibres d’un club de foot sont souvent méconnus, on ne devrait pas s’étonner que les résultats ne soient pas à la hauteur des moyens financiers souvent importants. Les ressources humaines étant peu ou pas formées.
Et pourtant, les stages de la Fifa semblent des opportunités de formation des présidents et secrétaires généraux de clubs. Ces sessions souvent bâclées par les présidents de clubs, pour la plupart des hommes d’affaires, n’atteignent pas visiblement leurs buts.
Un environnement et des structures à bâtir
Le football professionnel est à ses débuts au Bénin et les clubs cette saison ont fait de gros efforts financiers. Mais tout l’argent dépensé peut ne pas être capitalisé en raison de l’inadéquation des structures actuelles au professionnalisme prôné et souhaité. En effet, quand on prend les administrations des clubs actuellement, elles se reposent en gros sur un président très occupé, car ayant la tête dans ses affaires. Ensuite, il y a un secrétaire général ou quelqu’un qui fait office de secrétaire général et qui est chargé de faire les courses pour le compte du président. Enfin, l’entraîneur. Autour de ces trois, il y a toutes sortes de « charlatans » et d’ »apprentis sorciers » qui proposent des joueurs chaque jour. Chacun de ces intermédiaires en fonction de ses liens familiaux ou autres avec le président, peut influencer l’achat de tel ou tel joueur.
Les rôles sont confus, et les résultats sont donc affectés par une gestion nébuleuse des effectifs où l’entraîneur a du mal à s’y retrouver. En fait, personne ne s’y retrouve vraiment. Car l’absence d’une réelle cellule de recrutements et d’un poste de directeur sportif qui centralise aussi bien les besoins du staff technique que les propositions de transferts sont à la base de bien d’embrouilles. Des clubs ayant recrutés parfois plus de milieux de terrain et de défenseurs que d’attaquants. Ceci les exposant en cours de saison, à évoluer parfois sans un avant-centre au début d’un match. Ce sont des détails qui montrent les limites des recrutements et ainsi la fragilité des structures administratives et techniques actuelles.
Dragons, Tonnerres : Quand l’environnement nébuleux dessert l’équipe
C’est l’histoire de deux présidents qui se sont imposés dans les milieux d’affaires comme des hommes compétents et prospères. Mais ce qui est vrai au football l’est moins dans les affaires et on se retrouve là.
Aux Dragons, Mathurin De Chacus met ses millions, mais semble déstabiliser par la multitude de « bons conseillers » (pas bons payeurs) qui sont à ses trousses. Ainsi, le recrutement s’est bouclé dans la confusion avec Moussa Latoundji qui aura eu bien de mal à débuter la préparation de la saison. Chaque jour, chaque proche du président emmenait un joueur. La suite est quand même belle pour le club qui reste constamment dans les 3 premiers. Le départ de Moussa Latoundji en décembre, et l’arrivée de Sékou Fofana ont déstabilisé l’équipe. L’environnement a eu raison de ce dernier. Le 3e entraîneur connaît la maison « Dragons » pour y avoir officié comme gardien de buts durant des années. Jean-Louis Noumahangnan qui a emporté son premier match va-t-il pour autant surmonter les rivalités internes et faire fondre 6 points d’écart avec le leader ? La réponse sera pour le 6 juin.
Tonnerres FC de Bohicon en recrutant Wabi Gomez, après l’éviction d’Olivier Yaro devenu adjoint par la suite, a fait une bonne affaire. De décembre à avril, le club est resté constant dans le peloton de tête. Mais le président Glèlè, suivant ses conseillers, a décidé de donner une autre tournure à la collaboration en limogeant Gomez au profit de Roger Emana. Ce dernier qui a déjà fait quelques recrutements cette saison pour le club, fait partie des nombreux recruteurs du club.
Ces deux clubs ne sont que des cas parmi d’autres. Ailleurs, ce sont les dirigeants qui recrutent les joueurs et se partagent les commissions sur les transferts et mettent devant le fait accompli les entraîneurs, pourtant premiers utilisateurs des joueurs.
L’argent plus que dans le foot qu’ailleurs, attire toujours les convoitises et cela reste le plus grand défi des présidents de club qui ne bâtissent en général pas de vraies organisations administratives.
Là se trouve aujourd’hui le vrai défi des clubs qui entendent évoluer dans l’univers professionnel.
Aubay