Il entame une septième saison à l’étranger et sa troisième sous les couleurs DC Motema Pembé, 3e du dernier championnat congolais et en course au deuxième tour de la coupe de la confédération africaine, entre discrétion et progression, retour sur le parcours d’Arsène Loko (24 ans). L’histoire d’un milieu de terrain de talent pourtant mal-aimé.
Quand il entrait sur le terrain, le vendredi 13 septembre dernier, à Khartoum, le DC Motema Pembé se contentait déjà d’un nul, 1-1, à l’extérieur c’était sans compter sur le génie de son numéro 17 qui fera parler sa touche technique avec efficacité en plein de cœur de la surface adverse. Arsène Loko a donné une victoire à l’extérieur en match aller du deuxième tour de la coupe de la confédération avec un geste de classe, un ballon piqué avec sang froid. Un but qui aurait sans doute mérité de faire le tour de monde ou de la toile mais il est passé presque inaperçu et résume bien la carrière de l’homme qui a fait son trou en silence.
Arrivée en 2017 en provenance de l’Africa Sports d’Abidjan, il s’adapte vite à la ligue congolaise dans un club de haut de tableau qui termine deux fois derrière l’As Vita Club et le TP Mazembé sur ces deux premières saisons. Vivien Laglo, recruteur ivoirien qui l’a suivi à l’Africa et au DC Motema Pembé en parle avec des étoiles dans les yeux « il partait dans l’inconnu en RD Congo mais la compétition l’attirait avec l’idée d’être régulier en compétition africaine. Mais il faut avouer qu’il a mis un peu de temps à s’adapter depuis il est devenu un pion essentiel du club malgré le changement de staff.». En 2018-2019, il signe dix passes décisives en 32 matches toutes compétitions confondues et contribue encore en grande partie une troisième présence d’affilée du club sur l’échiquier africain. En fin de contrat cet été, le club s’est empressé de lui proposer une prolongation d’une année en témoigne son importance chez les verts de Kinshasa où son statut de titulaire ne fait plus débat.
« Des contrôles de Zidane»
Milieu de terrain de formation, il peut évoluer à tous les postes axiaux, comme relayeur ou meneur de jeu, sa palette a bien évolué mais sa qualité technique demeure l’essence de son jeu. Vivien Laglo confirme son évolution « Je l’ai suivi encore en championnat sur les grands matches contre le TP Mazembé ou en coupes africaines et il n’a rien perdu au contraire, il a pris encore du poids notamment en volume de jeu. Sa qualité technique naturelle et son intelligence font beaucoup de bien à l’équipe dans l’utilisation du ballon. C’est une expérience qui lui fait du bien » Coéquipier en formation à Onze Créateurs (ex-USP), le défenseur Brice Gozo en garde aussi de bons souvenirs « c’est quelqu’un qui est très bon techniquement, il a une relance de très grande qualité du pied gauche comme du pied droit. Il peut aussi sortir des contrôles de nulle part comme Zinédine Zidane » L’ancien international français est d’ailleurs son idole ce qui lui a valu d’être surnommé ainsi par ses pairs dans son quartier à Akpakpa en plein cœur de Cotonou.
Formé à l’Union Sportive de la Plage en compagnie du niortais David Djigla, son ami, Loko va découvrir la compétition en troisième puis deuxième division avec Onze Créateurs (Ex-USP) et épate davantage. Kola Raimi , son coéquipier de l’époque est encore fan de sa palette « Il a une énorme vision de jeu au milieu avec des passes qui cassent les lignes, sa lecture de jeu m’impressionne et il a un coup de pied de grande qualité »
Sur le toit de l’Afrique
En 2011, il crève l’écran lors d’un concours panafricain des jeunes du continent African Football Dream Team, parrainé par le camerounais Patrick Mboma. Loko est retenu dans l’équipe du type du concours et élu Dream Player à Malabo en Guinée Equatoriale. Le concours était réservé aux jeunes de 16-18 ans avec plus d’une centaine de candidats au départ dans neuf pays. Il tape dans l’œil des recruteurs et se révèle au grand public avant de filer en Côte d’ivoire en 2013.
Edmé Codjo, sélectionneur national des jeunes avait flairé assez tôt le talent du gamin il y a presque dix ans en le prenant dans ses valises pour le très réputé tournoi de Montaigu (U15) en 2010 avec la sélection nationale béninoise en France. Dans la foulée Loko sera surclassé chez les U17 et U20 la même année avec beaucoup de réussite.
Malgré une régularité affichée à l’étranger, Loko n’a paradoxalement jamais eu sa chance chez les Ecureuils après les jeunes. Chez les A, il est apparu trois fois sous Omar Tchomogo au regroupement sans jamais être aligné pendant les qualifications du Mondial 2018 et de la Can 2017. En novembre 2016, Mathias Déguénon à la tête des A’ en avait fait un titulaire indiscutable au tournoi de l’Uemoa à Lomé avec réussite. Depuis il n’a plus eu accès au maillot jaune à contrecœur.
« Les gens aiment le foot ici »
Avec plus de 200 matches au compteur à l’étranger depuis 2013 entre le championnat ivoirien et congolais aucun milieu de terrain béninois n’a autant joué que lui sur cette période à part Jordan Adéoti et Djiman Koukou. Il a étoffé son vécu avec une dizaine de matches africains au compteur depuis 2015 avec l’Africa puis le DCMP. Aucun international béninois n’a disputé autant de rencontres continentales sur la période. Nette progression.
Une seule saison suffira pour convaincre l’Africa Sports d’Abidjan, l’un des clubs les plus mythiques du pays de le recruter au CO Korhogho dans le nord de la Côte d’ivoire. En trois saisons chez les Oyés il a pris ses marques pour finir par s’imposer sans faire grand bruit. Son aventure avec les rouges et verts se termine avec deux coupes nationales décrochées en 2015 et 2017. Ses deux premiers titres majeurs titre à l’étranger. « Ce titre était important pour le club, on sortait d’une saison compliquée en championnat donc on sauvait ainsi notre saison. Mais à titre personnel, j’ai atteint un objectif en gagnant un deuxième titre avec un grand club de Côte d’ivoire et d’Afrique » se réjouit l’intéressé.
Au DC Motema Pembé, il découvre une ferveur similaire dans la capitale congolaise « Quand tu n’es pas habitué cela peut t’impressionner de voir l’implication des supporters. J’ai été présenté devant des milliers de personnes je n’ai jamais vécu cela. Les gens aiment le foot ici et sont de vrais passionnés. Le stade est rempli à chaque match. Pour nous les joueurs, c’est un bonus ».
Géraud Viwami
Très intéressant comme article. Un joueur bourré de talent, qui aurait pu faire un bien fou à notre milieu. Dommage d’avoir un entraîneur très conservateur.