Avant de rejoindre la sélection béninoise pour affronter le Gabon en match amical en région marseillaise, Moise Adilehou (21 ans) le défenseur de Levadiakos (D1 Grèce) s’est confié en exclusivité à nous. L’ancien du Fc Porto parle de ses choix carrières, de son début de saison, des Ecureuils, de son avenir et ses modèles. Entretien.
Levadiakos fait un bon début saison en se positionnant en haut de tableau, 5e après 6 journées, vous avez joué la moitié des matches, vous vous sentez bien en ce moment…
Je me sens bien. Le groupe fonctionne bien. On travaille dur. J’ai joué 50% des matches. Tout le monde se sent concerné, le groupe des 28 joueurs. En étant tous concernés on ira très loin dans le championnat.
Dans ce groupe justement, à 21 ans vous êtes le défenseur le plus jeune du lot, est-ce à dire que vous avez besoin d’avoir plus d’expériences pour être davantage aligné ?
Ça c’est sur le papier. On est un groupe. Il n’y a pas de jeunes. C’est sûr qu’en termes d’années d’expérience je suis le joueur qui a le moins d’expérience mais si je suis bon je jouerai. Il y a les joueurs plus expérimentés, je vais apprendre à côté d’eux chaque jour à l’entraînement même en match.
«Mes années de formations j’ai été mal conseillé»
Vous avez décidé de vous stabiliser en Grèce où c’est votre deuxième saison, alors le foot et la vie grecque ça ressemble à quoi ?
C’est un championnat très serré. On le voit dans ce début de saison que les petites équipes battent les grosses. Et ces dernières peuvent être en bas de tableau. Après c’est un championnat très compliqué il faut avoir les armes. Les grosses équipes comme le Panathinakos, l’Olympiakos , l’AEK Athènes et PAOK Salonique , ils arrivent à faire la différence parce qu’ils ont un gros effectif, même sur le banc. Donc à la longue ça leur permet de finir en haut de tableau. Nous on va faire avec nos armes. On va se battre. Mais je pense qu’il y a moyen d’être une surprise de finir parmi les cinq six premiers et d’avoir l’occasion de faire les barrages de l’Europa League. Maintenant la saison est longue, on verra, on vient de commencer. On a bien commencé et espérons bien finir.
Vous avez été formé à Valenciennes ensuite vous avez pas mal bougé, les équipes de jeunes du FC Porto , retour en France à Vitré et Pau en amateur puis départ en Slovaquie pour finir en Grèce , si jeune qu’est-ce qui vous fait bouger autant ?
Mes années de formations j’ai été mal conseillé. Et puis j’ai fait un an sans club. J’ai pris de nouveaux objectifs. Je me suis bien entouré. Ce qui fait qu’aujourd’hui je suis en première division grecque. On peut dire en regardant mon CV que j’ai beaucoup voyagé etc mais chaque année j’évolue. J’ai été en club amateur puis j’ai signé pro en Slovaquie. Après le rêve de tout footballeur c’est n’est pas de rester dans des championnats comme en Slovaquie. L’opportunité de joueur en Grèce qui est pour moi supérieur au championnat slovaque. Je n’ai pas hésité j’ai foncé. Maintenant l’année dernière j’étais à Kerkyra. Ça se passait plutôt pas mal. Le coach qui comptait beaucoup sur moi et qui voulait me lancer cette année est parti donc j’ai eu l’appel de José Anigo (Ndlr : entraîneur de Levadiakos) et le projet m’as convaincu donc je ne regrette pas. J’ai joué trois matches sur six. L’année dernière j’ai joué trois matches sur trente. Donc pour le moment je suis bien parti. J’ai beaucoup à progresser. Les cartes sont dans ma main. C’est un mal pour un bien d’avoir voyagé.
Alors la connexion avec Anigo, qui est votre coach s’est passée comment ?
J’étais dans ancien club à Kerkyra ensuite j’ai eu l’appel de mon agent qui m’as dit qu’il allait avoir peut-être l’occasion de rejoindre Levadiakos qui allait avoir un coach français qui souhaitais travailler avec moi parce que j’avais déjà une saison en Grèce. Après j’ai rejoint le groupe en stage. Le coach m’as apprécié parce qu’il voulait me voir. Et après ça s’est fait.
« La ligue des champions, c’est dans un coin de ma tête j’ai encore du chemin »
Le Fc Porto vous avez des regrets de n’avoir pas pu vous imposer quand on connait l’ouverture que donne ce club aux jeunes talents recrutés assez tôt ….
C’est sûr que passer par Porto ça attire la convoitise mais après je ne regrette rien. Aujourd’hui je suis professionnel. Il y en a dans mon équipe au Fc Porto ils sont restés cinq six ans, ils ont fait toute leur formation là-bas et aujourd’hui ils n’ont pas réussi à passer le palier. Après il faut passer à autre chose. Si j’avais eu plus d’années j’aurais appris un peu plus. J’aurai eu plus de portes de sortie. C’est dommage, c’est triste mais c’est comme ça. Je suis professionnel et je suis content de mon parcours. Parfois c’est sûr qu’être dans le confort c’est bien. Mais c’est un mal pour un bien comme on peut dire parce que tu peux en étant dans la difficulté tu apprends plus et après tu ne fais pas les mêmes erreurs.
Sur le terrain vous êtes défenseur central, vous jouez à droite ou même en milieu défensif, votre kiff c’est où ?
C’est vrai que l’an dernier j’ai pu rentrer en numéro six mais mon poste de formation c’est défense centrale et c’est le poste où je me sens le mieux.
Aujourd’hui la carrière idéale pour vous se résume à quoi…
La carrière idéale ? Je suis plutôt quelqu’un qui vis au quotidien. Ce qui serait bien pour moi c’est de jouer d’abord parce que je suis jeune. Ensuite pourquoi ne pas signer dans un gros club en Grèce et jouer la ligue des champions. C’est mon rêve. C’est dans un coin de ma tête j’ai encore du chemin, il faut d’abord que je fasse une saison pleine et après penser à ces choses-là.
Pour moi mon prochain objectif c’est de jouer le maximum de matches, apprendre et quand un grand club estimera que j’ai les qualités, il m’appellera tout simplement.
Alors vous êtes plutôt Sergio Ramos ou Thiago Silva ?
Avant j’aimais beaucoup Thiago Silva, je l’aime toujours mais bon. Si on compare sur les deux dernières années Sergio Ramos il est devant et de loin. Il fait de grosses saisons, il gagne des titres, il se blesse rarement. J’opte plus pour Ramos.
« Je vais jouer pour mon père contre ma mère »
Sinon le défenseur modèle que vous voulez devenir doit dans cinq, six ans doit avoir quelles qualités face aux joueurs offensifs actuels…
Déjà Anigo me répète toute le temps, à chaque entraînement « t’as des qualités de vitesse », que je suis bon de la tête et il me dit que je suis à l’aise techniquement. Il me dit que j’ai tout pour réussir, à chaque fois il me le répète, il me met en confiance. Je l’écoute et j’essaye de travailler. Je pense que j’ai beaucoup à travailler tactiquement sur la concentration aussi parce que à ce poste il faut toujours être concentré. Après c’est à force de jouer les matches que je vais progresser et que mes qualités vont se perfectionner. Je pense que si on résume tactiquement j’ai beaucoup à apprendre, à force de jouer ça va venir naturellement de toute façon et de la concentration pendant 95 minutes et pas 80 minutes parce que ça paie cash au haut niveau.
Votre nom avait pas mal circulé en sélection de jeunes béninoises avant d’obtenir votre première cap en mars dernier, c’est quoi le lien avec le Bénin pour vous qui êtes né en France, ça représente quoi de porter le maillot des Ecureuils ?
En ce qui concerne la sélection, déjà je suis très fier de porter les couleurs béninoises, les couleurs de mon père. C’est une fierté pour mon père aussi. Ensuite j’ai été contacté très tôt par la sélection béninoise. J’étais encore en centre de formation, j’avais 15 ou 16 ans je pense. Ça me touche. Parce que c’est les premiers qui ont fait le pas. J’aurai pu choisir le Togo aussi. En 2014 j’ai pu participer à un match amical à Porto- Novo contre le Nigéria avec la sélection juniore. Je me souviens c’était la première fois que je portais le maillot des Ecureuils. C’était incroyable, le public. Ce jour-là je m’en étais bien sorti. Tout le monde m’applaudissait. J’avais un sentiment énorme. Je me suis dit mon père : il peut être fier de moi. Quand j’étais en U20, c’était un objectif d’être en A. c’était un rêve. Je me rappelle que j’étais parti les voir en match et à l’entraînement aussi. J’avais plein d’objectif je voulais être pro et jouer en sélection A et voilà aujourd’hui je suis première division grecque et je vais encore jouer avec la sélection contre le Gabon dans quelques jours. J’ai travaillé et j’ai rien lâché malgré les épreuves.
Votre mère est togolaise, en mars 2018, le Bénin va jouer contre le Togo, vous allez jouer pour votre père contre le pays de votre mère?
Franchement ça va me faire bizarre. Parce que ma mère est togolaise, je vais jouer pour mon père contre ma mère. Ça va me faire bizarre. J’espère qu’on gagnera. Sans rancune avec ma mère (rires) je pense qu’elle comprendra. Je pense même qu’elle me supportera. Elle ne suit pas trop le foot et son bonheur c’est que je sois heureux. Après c’est sûr que si on peut le battre le Togo et comme c’est le deux premiers du groupe qui doivent se qualifier que le Togo se qualifie avec nous, ça me ferait plaisir. Il faut qu’on les bat aller-retour mais c’est mon souhait.
Entretien réalisé par Géraud Viwami