Le projet bénino-allemand de football des jeunes initié entre 1991 et 1996 a connu une fin si brutale que des milliers de jeunes ont été laissés en rade. La course à la création tous azimuts des académies s’est lancée. L’Etat utilise mal ses moyens en investissant dans des shows autour du sport plutôt que dans de vraies compétitions.
Photo : tanéka
Aubay
Ne pensez pas à la Fbf, car elle a mieux à faire avec les Ecureuils et la manne étatique qui en est issue, que de s’occuper des jeunes qui ne rapportent rien ici et maintenant. Le problème du football des jeunes au Bénin peut faire l’objet de plusieurs thèses, tant il y a d’errements. Avec la fin du tournoi Jeunesse Afrique et Avenir opposant 8 Initiatives de formation (le terme Académie impose plus d’exigences) de football venues de tout le Bénin, on voit combien le vide qui s’est créé est grand. C’est comme si les écoles, lycées et universités n’avaient pas de devoirs mensuels ou d’examens annuels pour évaluer les apprenants. C’est un drame. Et durant les 3 jours de compétition, en échangeant avec chaque encadreur ou promoteur d’académie, on comprend qu’il faut agir, enfin. Offrir des compétitions de façon permanente à toutes ces Initiatives de formation devient un projet de gestion du football à la base.
Des compétitions nationales ou internationales de jeunes, on en a connu, mais elles ne se pérennisent pas, à cause des budgets trop élevés souvent dressés. C’est normal, quand les occasions sont rares, la seule qui, existe devient celle d’une vie. La tentation de surfacturation est forte surtout quand c’est l’Etat qui régale. Quand ce sont les privés qui s’y collent, la méconnaissance du monde du foot des uns, et le manque de soutien de l’Etat pour les autres constituent des freins qui finissent par inhiber n’importe quelle bonne volonté.
Le Tournoi J2A, initié par Mounirou Daouda vient de connaître sa deuxième édition, après un premier coup d’essai avec le Tournoi Abou Maïga. 3 initiatives en 3 ans. La notion de pérennisation semble d’actualité désormais. Mais attention, au Bénin, on a connu le Tifoco au football, avec Christian Lagnidé qui a fini par ne plus s’y investir. Pour J2A, réussir reste un défi permanent.
Manque de moyens ? Non !
Les championnats scolaires (Uascep au primaire et Uases au secondaire), les classes sportives, les jeux nationaux, les budgets de la Police, de l’Armée, du port autonome, de la Société d’énergie électrique (Sbee) sont autant d’indicateurs qui viennent nous prouver combien au Bénin, chaque année, des milliards du contribuable sont investis dans le sport en général, le football en particulier. Mais à la date d’aujourd’hui, qui peut vous donner un seul nom de joueur révélé par les jeux nationaux et toutes les autres compétitions et clubs précités ? Personne. Aucune traçabilité. On est dans le football de cour de récréation. Ceci sans compter l’argent mis à la disposition su réseau Ecureuils et qui sert à arroser tant de cadres dans tant d’administration, qu’à la fin, c’est eux tous qui gagnent, même quand le Bénin n’y gagne pas ! Malgré tout cela, la création d’une direction de formation sportive au ministère des sports en fait rêver plus d’un. C’est charmant, c’est nouveau.
Evénements grandioses, shows populaires ou compétitions pratiques ?
Organiser un tournoi des académies avec des formations des formateurs une fois par an, n’est-ce pas innovant ? Apparemment, oui ! Et le mois prochain, c’est ce que nous proposera la direction de la formation sportive à Natitingou. Mais entre nous, pensez-vous que c’est 4 matches par an qui transforment des jeunes d’une académie en de vrais footballeurs ? Non. La démarche peut être mieux élaborée dans le but de régionaliser les compétitions de jeunes en opposant le plus souvent possible les initiatives de formation d’une même zone géographique entre elles. Faire des matches à petits budgets qui permettent réellement aux encadreurs de travailler, d’animer le football à la base. Mais au lieu de cela, on refait les mêmes erreurs, comme cette édition unique du Tournoi international des académies de football de Cotonou (Tiafco). Depuis 2006, le public attend une deuxième édition. Il attendra longtemps, car le budget de plus de 50 millions de Fcfa est jugé onéreux. Dommage.
Le budget des jeux nationaux, cette sorte de récréation, de belle supercherie dans laquelle on englouti des centaines de millions chaque année sans jamais se poser des questions, suffirait à aider les Initiatives de formation. Car en réalité, si ancrés dans la politique, les maires de nos villes « se foutent » du football. Ils préfèrent y penser à la veille des jeux nationaux. Pourquoi alors continuer à faire semblant que les communes ont des équipes ? La réalité est que c’est le « tonton » du coin qui rassemble quelques jeunes qu’il aime bien et qui les entraîne le temps d’une compétition. Ou alors, c’est un club privé déjà existant qui représente la Commune en changeant de nom pour la circonstance. 14 ans, que le ministère des sports et ses cadres dilapident l’argent de l’Etat dans cette pagaille, sans vraiment se regarder en face et changer de projet. Les ministres se succèdent, empochent les frais de mission, vont taper dans le ballon pour lancer les festivités. Et après, on s’étonne que le vivier du football béninois soit basé au Nigéria, en Côte d’Ivoire et en France avec la légion de binationaux ou de faux binationaux.
Ces shows populaires ne mènent à rien, sauf au détournement de l’argent public, pendant que des compétitions pratiques pour les clubs de jeunes ne sont jamais organisées ; sauf en période électorale où les hommes politiques se découvrent des âmes de passionnés de football. Qui a dit que le Bénin est une nation de foot !
Aubay