(La Fifa ira-t-elle jusque-là?)
Un Etat de droit ne peut fonctionner autrement que sur la base des textes de lois qui régissent la république. Dans le cas de la fédération béninoise de football, association régie par la loi du 1er juillet 1901, n’a pas le choix face à la justice béninoise. La suspension annoncée de la Fifa respecte la logique souvent discutable de l’institution, mais apparaît bien injuste.
Aubay
Seule une suspension du comité exécutif de la Fifa adressée après une assemblée générale de celle-ci est à considérer. Pourquoi ? Le service juridique de la Fifa, devant le tribunal arbitral du sport à Lausanne l’année dernière (dans l’affaire Fbf contre Fifa) a reconnu que les correspondances administratives n’ont qu’un « caractère informatif » et ne sont donc pas des injonctions qui contraignent le pays à une quelconque exécution. Seules les décisions du comité exécutif prises lors d’un congrès sont donc à prendre en compte. Nous y voilà. La suspension du Bénin annoncée pour ce 25 juillet 2012 n’aura de valeur que si en septembre prochain, le congrès de la Fifa s’y penchait.
D’autre part, le Bénin ne dispute aucune compétition sérieuse cette année et n’a donc pas tant de pression que cela. Le prochain rendez-vous du foot béninois est pour le 24 mars 2013 pour un match face à l’Algérie dans le cadre des qualifications du Mondial 2014. La diplomatie béninoise aura donc tout le temps pour expliquer auprès de la Fifa, que dans un Etat de droit, le gouvernement ne peut remettre en cause une décision de justice.
Un pays très pauvre, très dépensier dans le foot
Un pays pauvre très endetté qui chaque année depuis 2003 dépense environ 2 milliards de francs Cfa, soit 3 millions d’euros dans le football et qui n’a participé qu’à 3 coupes continentales des nations et engrangé 1 point en tout. Voilà le vrai portrait du Bénin. En face, la Fifa qui assure avoir mis beaucoup de subventions à la disposition du pays peut se rendre compte que sur le terrain, seule la pelouse synthétique du stade René Pleven est visible. Les centres de formation annoncée il y a 10 ans à Missérété et Abomey n’ont jamais démarré leurs activités. Aucun footballeur béninois n’a été formé avec l’argent de la Fifa malgré les projets Goal 1,2 et 3. Voilà l’image que les béninois ont de l’action de la Fifa au Bénin.
La suspension à laquelle s’attend tout le peuple béninois serait alors injuste. Ceci au vu du portrait du pays dans le monde du football dressé plus haut, de la perception qu’ont les béninois d’une Fifa défendant son pré-carré et surtout des lois béninoises. En envoyant un courrier pour suspendre le Bénin, l’administration de la Fifa devra attendre de soumettre le dossier Bénin au comité exécutif avant que cela ne soit considéré comme la position officielle de la Fifa. Et non celle automatiquement adoptée en règle générale.
Encadré 1
Le combat juridique
Victorien Attolou président de la fédération béninoise de football a pris fonction dans un climat particulier, 10 jours après la décision de la cour d’Appel de Cotonou. Si cela ne tenait qu’au nouveau président du foot béninois, il aurait pris fonction depuis bien longtemps ! Le Bénin est un pays de droit, et ses adversaires ont épuisé leurs voies de recours dans une bataille juridique dans laquelle ils ont pris part pleinement. Moucharafou Anjorin n’a pas fait d’Etat financier de sa gestion avant de céder les clés de la fédération.
Une question d’égo qui a fait que c’est par exploit d’huissier que l’ancien président a quitté l’instance faîtière du sport-roi béninois.
Il était question de reconnaître deux assemblées générales, celle du 04 février 2001 ayant vu l’élection de Victorien Attolou et celle du 15 avril 2011 ayant vu la validation des cooptations effectuées par Moucharafou Anjorin. L’absence d’une juridiction d’arbitrage interne à la Fbf comme prévu par les textes, a amplifié la crise.
L’article 69 des Statuts de la Fbf stipule « Quand la Fifa prend une décision définitive contraignante à une fédération, cette décision peut être interjetée devant le Tas ». Cela justifie toute la procédure engagée devant le tribunal arbitral du sport à Lausanne en Suisse. Ce tribunal n’a pu juger dans le fond la crise, la Fifa ayant déclaré que ses courriers contraignants n’étaient pas des « actes décisionnels ». Tant qu’il n’y avait pas « autorité de la chose jugée, le juge béninois s’est déclaré compétent », rappelle la décision ayant demandé à Moucharou Anjorin de céder la place à Victorien Attolou.
A vouloir paraître plus malin que tout le monde on finit toujours par découvrir par soi-même, ses propres limites.
Voilà dévoilé au grand jour , les limites de Anjorin. Il a épuisé toutes ses cartes et a conduit la FIFA dans un gouffre béat dont elle ne pourra sortir sauf cataclysme.
Anjorin a amené la FIFA à dire à la face du monde, que ses propres courriers n’ont pas plus de valeur qu’une feuille morte de bananier, en dehors de ceux provenant de ses deux Assemblées statutaires. Le piégeur s’est fait prendre à son propre piège. Comme quoi, la vérité finit toujours par triompher malgré tout……..
Une quelconque suspension de la FIFA serait la bienvenue pour quatre raisons:
1- Cette suspension donnera une nouvelle fois l’occasion au Bénin d’ester la FIFA devant le TAS ;
2- Le Bénin est certes un petit pays, mais il démontrera à la face du monde que la super puissance de la FIFA ne repose en réalité que sur de la cire;
3- Que la souveraineté d’une nation ne peut jamais être remise en cause parce qu’elle aurait ratifié un traité international ou parce qu’elle est membre d’une organisation internationale;
4- Le cas échéant d’une suspension injuste nous aiderait à revoir toutes nos organisations structurelles pour repartir sur de nouvelles bases.
Je pense et je crois que la FIFA n’a pas de raisons valables de sanctionner notre chèr pays, le Bénin. Mais si par extraordinaire, elle parvenait à le faire, ensemble comme un seul homme, tout le peuple béninois la combattra jusque dans ses derniers retranchements car notre pauvreté ne nous empêchera pas de défendre notre dignité, encore moins notre souveraineté.
Papa Yan.