Interview avec Rémi Amavi, ancien international béninois vivant en Guinée Equatoriale
Quand on évoque son nom, beaucoup de personnes se souviennent des Cadets 1997 qui ont failli disputer une Can avant les seniors de 2004. A part parler de la communauté béninoise de Bata dont il est le vice-président, Rémi Amavi, l’ancien gardien de but n’a pas parlé de football dans un media depuis plus de 10 ans ! Exclusif !
Réalisée à Bata par Aubay
Vous vivez en Guinée équatoriale depuis plusieurs années, comment s’est préparée cette Can sur le plan des infrastructures ?
Je pense que cette Can s’est surtout préparée par rapport à une volonté politique. Le chef de l’Etat a été la locomotive qui a tiré tous les wagons. C’est pourquoi sur le plan des infrastructures, c’est une réussite totale. Vous voyez un peu la cérémonie d’ouverture, ça a été fait en grand. C’est une réussite qui vient du gouvernement.
Quand vous voyez les prestations du « Nzalang Nacional » qui arrive en quarts de finale, est-ce que c’est une surprise pour vous ?
Il faut faire une rétrospective pour constater que les éliminatoires nous ont montré ce que serait à peu près cette Can-là. Le Cameroun, le Nigeria et même l’Egypte triple vainqueur ne sont pas là. On remarque qu’il n’y a plus de petites équipes en Afrique.
Les équato-guinéens qui se retrouvent aujourd’hui en quart de finale, ce n’est pas surprenant. C’est vrai qu’Henri Michel a démissionné à un mois de la Can. Maintenant, il faut reconnaître qu’il a préparé quelque chose durant un certain temps. Il a fait un travail de base, puis après on a greffé à cela quelques 4 joueurs qu’il refusait d’intégrer. Ensuite, les gars sont super motivés. On leur fait une promesse de 500 millions s’ils gagnent le premier match et la même chose s’ils gagnent le deuxième match contre le Sénégal. C’est normal qu’ils carburent autant.
Le Sénégal selon vous, qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Ce qui fait la différence dans une équipe, ce sont les individualités et quand il n’y a pas le collectif, cette différence ne peut pas se faire sentir. Vous parlez du Sénégal, voilà une équipe dans laquelle le collectif n’était pas au rendez-vous, pour bien révéler les individualités.
Quels sont les favoris désormais dans cette Can indécise où le pronostic est risqué?
Vous l’avez bien dit, tout pronostic reste risqué, mais on voit aujourd’hui, avec le match de la Côte d’Ivoire lundi dernier, que malgré la qualification, cette équipe a joué avec tant d’envie qu’on se demandait si elle était qualifiée. Ensuite, le Ghana qui par expérience peut faire quelque chose, après ça, il faudrait attendre le quart de finale Côte d’Ivoire – Guinée Equatoriale pour savoir qui serait réellement vainqueur.
Sur un plan général, comment voyez-vous cette co-organisation de la Can ?
C’est une très bonne organisation. La Caf a donné une organisation combinée parce qu’elle ne croyait ni au Gabon, ni à la Guinée Equatoriale pour réussir. Ces deux pays-là séparément on démontré aujourd’hui que même si on leur confiait cette organisation globale à l’un ou l’autre, il aurait réussi. Je leur dis bravo ! Ils nous ont surpris agréablement. Je félicite la Caf pour ce risque gagnant, car personne n’y croyait.
Quand vous prenez cette Can qui marque une étape charnière avec l’absence de grandes nations, est-ce à dire que c’est un vrai tournant ou bien c’est un épiphénomène ?
Un tournant, je ne crois pas. Il y a eu un souci au niveau de ces grandes nations qui n’ont pas su compter sur leurs jeunesses. En effet, on sait qu’au Cameroun, il y a beaucoup de centres de formations, en Egypte et au Nigeria, pareil. Mais on a voulu composer avec des vieux. Je pense qu’avec ces absences, les dirigeants de ces pays vont se réveiller et on va découvrir de nouveaux jeunes. Aujourd’hui, la Guinée équatoriale et le Gabon font des merveilles, mais qu’a-t-il derrière ces joueurs-là? Rien. Les grandes nations reviendront, à mon avis.
Deuxième partie : Rémi Amavi et le football béninois
« On ne permet pas aux jeunes d’évoluer »
Rémi, cette fois-ci, le Bénin n’est pas à la Can. Vous étiez déjà ici quand les Ecureuils ont fait leurs premiers pas. Qu’est-ce que l’ex-international que vous êtes a ressenti ?
Fier ! Imaginez-vous que le Bénin soit présent aujourd’hui, on se sentirait fier ! J’étais tellement content quand le Bénin était en Tunisie, on voit le drapeau flotter, vous avez envie de suivre les matches de votre pays. Aujourd’hui malheureusement le Bénin n’est pas là. Ceci n’est que le fruit de tout ce qu’on a eu à faire comme problème autour du football béninois. C’est regrettable mais c’est la triste réalité.
Rémi Amavi est un nom qui rappelle de bons souvenirs aux spécialistes du foot béninois. Théoriquement on se dit que vous seriez quelque part dans un club en train de jouer. Eh non, ce n’est plus le cas…
…Non, il s’est passé qu’à un moment donné il n’y a avait pas une bonne politique du foot au Bénin et on ne voulait pas encourager les jeunes qui se donnaient à fond au sport. Le footballeur béninois était considéré comme un délinquant alors qu’être footballeur ne veut pas dire avoir la tête vide. Nous on a sus trouver un autre chemin. On s’est consacré un peu plus à nos études, à une formation professionnelle et voilà.
Vous avez su trouver votre voie professionnellement. Qu’avez-vous fait durant ces dix dernières années pour qu’on ne vous retrouve qu’aujourd’hui !
C’est vrai qu’il y a quasiment dix ans je suis rentré dans une société au Bénin comme directeur commercial. Cela m’a servi de tremplin pour me retrouver en Guinée équatoriale il y a 8 ans où j’ai occupé un poste de service Manager combiné avec la direction commerciale. Après j’ai été recruté par un groupe international qui compte environ 595 bureaux dans le monde. J’ai occupé divers fonctions. Aujourd’hui je suis chef d’agence sur la partie continentale de la Guinée Equatoriale.
Le football fait-il toujours partie de votre vie ?
J’ai toujours un engagement dans le football. La preuve est qu’en 2008, j’ai fait al conception et la réalisation de la mascotte de la Can féminine. J’ai été très impliqué auprès des autorités équato-guinéennes pour ce qui concerne l’organisation et le management des activités sportives. Maintenant, depuis deux ans, j’ai pris de nouvelles responsabilités au niveau de ma société. Mais de temps à autre j’apporte mon soutien à la fédération équato-guinéenne qui me sollicite souvent. En novembre dernier, j’ai fait venir des arbitres internationaux béninois pour le match Guinée Equatoriale – Cameroun.
Avez-vous des regrets ?
Sur le plan personnel, non parce qu’il faut constater qu’avec 1m77 comme gardien de but, je ne servirai pas à grand-chose. Le football a tellement évolué qu’on a besoin des gardiens qui font au moins 1m90 pour le haut niveau ! Je l’ai très tôt compris, j’avais certes des qualités, mais pas les aptitudes pour le haut niveau. Maintenant, sur le plan général béninois, j’ai beaucoup de regrets, car on est en train de tuer la poule dans l’œuf. On ne permet pas aux jeunes d’évoluer. Il faut mettre en place une bonne organisation et après on peut évoluer.
Réalisée à Bata par Aubay
merci et du courage à vous .luc rené mensah