27 juillet 2011 – 13 décembre 2011. Le temps est passé trop lentement pour le désormais ex-prisonnier Moucharafou Anjorin. Deux matches des Ecureuils derrière les barreaux et au finish une liberté provisoire presque dans la foulée de la validation de son bureau par le gouvernement. Mais aujourd’hui c’est une nouvelle ère qui commence. Il est plus que jamais sous surveillance, sous tutelle même du ministère d’Aplogan.
Aubay
L’affaire Mtn c’est quelques 300 millions de francs Cfa octroyé entre 2008 et 2010 sous-formes de sponsoring en direction des Ecureuils du Bénin. Mais les traces des fonds restent bien fines dans les comptes de la fédération, à peine le quart du montant global. Voilà ce qui a amené les alliés d’hier à se rapprocher de la justice pour une procédure judiciaire. Entre février et juillet 2011, Moucharafou Anjorin a eu du mal à produire les différents documents demandés. La juge Opinta le 27 juillet va surprendre la famille du football en décidant d’incarcérer le président de la fédération. Une première qui fait jeter un autre regard sur le football national et sa gestion. Plus de 4 mois sont passés et Moucharafou Anjorin peut enfin goûter aux joies de la liberté…provisoire.
Le ministre Didier Aplogan prend la main
« La Fbf est une ambassade de la Fifa au Bénin. » C’est le genre d’inexactitude qu’on entendait il y a quelques mois. Mais depuis la détention du président Moucharafou Anjorin, nombre de ses alliés se sont tus. Le nom de la Fifa n’est donc plus une formule magique qui fait fléchir les genoux, surtout pas dans les arcanes judiciaires béninoises. La lettre de la Fifa agitée au lendemain de l’incarcération n’a pas pesé bien lourd. Le gouvernement béninois en s’impliquant dans la crise a pu obtenir la libération de Moucharafou Anjorin (d’une manière ou d’une autre). Cet acte renforce le ministère des sports vis-à-vis d’une fédération « récalcitrante et arrogante » se prévalant en général de la tutelle exclusive de la Fifa pour se soustraire au contrôle de l’Etat. C’est bien là le piège qui se referme sur Moucharafou Anjorin qui doit plus son statut de président d’une fédération validée au ministre Didier Aplogan qu’à ses avocats ou à la Fifa. Le ministre des sports a donc un pouvoir quasi-illimité sur l’ex-prisonnier désormais redevable. La collaboration entre le ministère des sports et la Fbf qui a une délégation de pouvoir de l’Etat, a toujours été rude, du fait de l’indépendance dont se prévaut l’association vis-à-vis du pouvoir public bailleur à 100% des sélections nationales. Les conflits à répétition autour des budgets des sélections nationales et des choix des sélectionneurs vicient souvent l’atmosphère entre une structure sous tutelle et sa hiérarchie. A présent, les temps vont changer quelque peu.
Eviter un 3e front de combat
Au fil de la crise, et en butant contre les tribunaux nationaux (qui implicitement reconnaissent ses adversaires comme légaux) et la détermination de ses adversaires qui ont fini par l’envoyer en prison quelques temps, Moucharafou Anjorin aura compris que la Fifa a parfois des limites. La Fifa c’est bien, mais le gouvernement, c’est aussi pas mal ! Mais attention, et là commence le plus dur, jusqu’en août 2013 où finit son mandat, le président de la Fédération devra faire allégeance au ministre des sports qui qu’il soit. Car il ne faut pas ouvrir un 3e front (le camp Attolou et l’opinion publique). La nouvelle donne montre que son passage en prison et la décision gouvernementale le privent d’une marge certaine d’action et de tapage comme auparavant. Bon retour chez les gens libres, monsieur Anjorin!
Aubay